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Accident

De nombreux artistes utilisent les accidents, acceptant les fruits du hasard, intégrant à leur démarche artistique des éléments, non contrôlés, qui ne doivent rien à leur initiative personnelle.

Dans l’oeuvre d’Auguste Rodin

S’il a marqué les esprits par sa valorisation du fragment et de l’inachèvement, Auguste Rodin (1840 – 1917) a également renouvelé la sculpture en y introduisant les notions d’aléatoire et d’accident. Acceptant les fruits du hasard, l’artiste intègre à sa démarche artistique des éléments qui ne doivent rien à son initiative personnelle. L’accident devient ainsi processus créatif.

Auguste Rodin : père de la sculpture moderne. Mais en quoi l’artiste est-il tellement précurseur ? À partir de l’exemple de La Muse tragique, présente dans les collections du MAH (Musée d’Art et d’Histoire de Genève) depuis 1896, s’est élaborée une réflexion gravitant autour des notions d’accident et d’aléatoire, éléments qu’Aristote a définis dans sa Poétique comme s’inscrivant dans les règles de l’art. Placer l’accident dans la matière même de l’art, en l’occurrence de la sculpture, va à l’encontre de la tradition académique qui efface tout ce qui témoigne des aléas de la fabrication et de la création pour ne conserver que la trace lisse et lisible de l’idée et de l’intention de l’artiste.

Telle sculpture se brise en atelier, à l’image de l’Homme au nez cassé dont le plâtre se casse par un jour de grand froid, pour s’apparenter davantage à un masque et que Rodin fait couler en bronze ; à l’image également de La Muse tragique qui subit quelque dommage avant la fonte, mais que l’artiste donne en cadeau, avec ses imperfections, à la Ville de Genève.

Femme accroupie dite La Muse tragique, 1890 (modèle original), 1896 (fonte) Bronze, 78 x 117 x 125 cm, Musée d’Art et d’Histoire de Genève
L’Homme au nez cassé, 1864, Bronze, 32 x 15 x 17 cm, Musée Rodin, Paris

Dans Le Grand Verre de Marcel Duchamp

Titre exact : La Mariée mise à nu par ses célibataires, même de 1915–1923, 277,5 × 175,9 cm ; Huile, vernis, feuille de plomb, fil de plomb et poussière entre deux panneaux de verre

En 1926, les deux panneaux sont exposés au Musée de Brooklyn, puis emballés dans une caisse en bois pour être livrés chez Katherine Dreier qui en était propriétaire. La caisse n’est ouverte qu’en 1936 où on constate le bris des panneaux de verre. Marcel Duchamp choisit d’en conserver les brisures et consacre trois mois à assembler les fragments en les emprisonnant dans des plaques de verre plus épaisses. Le Grand Verre est actuellement exposé au Philadelphia Museum of Art. Lien vers la fiche de l’oeuvre



Dans l’oeuvre Giulietta de Bertrand Lavier

Accident au sens propre, littéral.

Oeuvre de 1998 Automobile accidentée, 166 x 420 x 142 cm, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg

Lien vers le site du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg

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