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Black box

En arts plastiques : La Black Box (boîte noire) est devenue populaire à la fin des années 1960, lorsque les artistes ont commencé à utiliser des entrepôts abandonnés comme studios. L’attrait de la Black Box était qu’elle était peu coûteuse à entretenir et qu’elle avait peu d’exigences techniques en dehors d’un simple éclairage. L’absence de couleur sur les murs, associée à l’absence de décor ou de toile de fond, a attiré l’attention directement sur l’interprète (cf cyclorama en animation : fond uni, absence de décor).

Contrairement au White Cube qui implique une neutralité aseptisée, la Black Box, c’est le lieu « dans son jus ».

Black Box et White Cube désignent donc des dispositifs muséaux, des choix scénographiques, muséographiques.

  • White Cube : absence de contexte pour l’oeuvre
  • Black Box : absence de repères pour le spectateur (référence à salle obscure du cinéma qui plonge le spectateur dans le noir)

Exposition du photographe japonais Hiroshi Sugimoto, Fondation Mapfre de Madrid, 2016 :

Au cinéma : Black Box désigne un système ou un dispositif complexe dont le fonctionnement interne est caché ou pas facilement compris, c’est la salle obscure dans laquelle se déroule l’événement artistique qui ne dévoile rien de son dispositif.

Au musée : La Black Box du musée danois Kunsten, construit par par Alvar Aalto, rénové par le cabinet d’architectes Erik Møller

Black Box du Kunsten https://kunsten.dk/ : espace d’exposition de 600 m2 créé en sous-sol et complètement opaque à la lumière du jour, pour éviter que celle-ci ne devienne une contrainte. Très modulable, ce lieu a été pensé pour accueillir des formes contemporaines et immersives d’expressions artistiques, des œuvres interactives utilisant les nouvelles technologies, des installations (vidéos) qui requièrent un aménagement spécifique…

Détails sur cette salle nommée The New Hall https://kunsten.dk/da/indhold/ny-sal-7426

La redéfinition des pratiques artistiques contemporaines à travers un « champ élargi » (cinéma, performances, vidéo, numérique, immersion, interaction, … = images mobiles, images projetées) questionnent leur déploiement en des espaces spécifiques. Les historiens et les chercheurs s’entendent aujourd’hui pour distinguer, sur le mode de la convergence et parfois de la divergence, le dispositif de la « salle obscure» Black Box (tel qu’il a été défini en France dans les années 1970 par Jean-Louis Baudry) et celui du « cube blanc » White Cube (théorisé par Brian O’Doherty en 1976). Ces dispositifs doivent être pensés et éprouvés sur le mode de l’interaction (avec les oeuvres, avec les spectateurs), comme des lieux d’exposition et de projection. (source : https://circuit.li/media/pdfs/texte_presentation_FB.pdf et sur ce site).

Jean-Louis Baudry, L’Effet Cinéma, Paris, Albatros, 1978.

« La disposition des différents éléments – projecteur, “salle obscure”, écran – outre qu’ils reproduisent d’une façon assez frappante la mise en scène de la caverne (de Platon), décor exemplaire de toute transcendance et modèle topologique de l’idéalisme, reconstruit le dispositif nécessaire au déclenchement de la phase du miroir découverte par Lacan ». (page 23)

« C’est dire aussi bien qu’un même dispositif serait à l’origine de l’invention du cinéma et déjà présent chez Platon. […] On pourrait alors avancer que le “mythe” de la caverne est le texte d’un signifiant de désir qui hante l’invention du cinéma, l’histoire de l’invention du cinéma » (page 36).

Pour l’Intelligence Artificielle : Black Box désigne le risque de ne plus comprendre, de ne plus contrôler le fonctionnement autonome de la machine. Ce sont des programmes informatiques complexes dont les entrées et les sorties peuvent être observées, mais dont les processus internes ne sont pas accessibles en raison de leur nature complexe et/ou confidentielle.

Ecouter la conférence de l’artiste Gregory Chatonsky sur « Black Box, White Cube et Grey Fiction » : http://chatonsky.net/box-cube-fiction/ 

Exemple artistique numérique où la Black box fait référence à la boîte noire dans l’aviation : http://crac.laregion.fr/exposition_fiche/27/3171-archives-expositions-art-contemporain-crac-sete.htm 

Questions possibles :

  • Qu’en est-il des couples de théâtralité/absorption dans le contexte de l’art contemporain (voir Michael Fried) et d’attraction/narration dans le contexte du cinéma ? 
  • Comment et pourquoi exposer le cinéma ? divergences ou similitudes avec l’art vidéo ?
  • White Cube et Black Box, comment les artistes, les curateurs, les scénographes utilisent-ils ces « nouveaux lieux » connotés ? 
  • Quelles interactions dans l’ensemble écran-salle-projecteur ? quelle place pour le spectateur ? Quels rapports image – lieu ; spectateur – image ; spectateur – lieu ?

Voir ce site pour aller plus loin : https://www.filmexplorer.ch/forum/essays/2017-the-reception-of-moving-images-in-the-digital-era/the-hybridization-of-art-and-cinema-between-the-black-box-and-the-white-cube/la-realite-grise-de-lexperimentation-entre-art-et-cinema-francois-bovier/

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