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Théâtralisation

Action de théâtraliser, de donner de la théâtralité ou de donner un aspect ou un effet théâtral.

Fait de rendre théâtral quelque chose (une pièce, une espace, un lieu, une œuvre, un processus, la présentation d’une image, …). La théâtralisation est une manière de mettre en espace une œuvre, en lui donnant et à son décor, à son espace, un caractère théâtral, un côté artificiel, fictionnelnarratif, emphatique.​

La théâtralisation implique une une mise en espace (scène, décor), une mise en scène (scénographie), une suite d’évènements où sont engagés des êtres humains agissant et parlant (acteurs) = scénographes et commissaires qui écrivent l’expositionspec-acteurs qui la lit, la suit, l’interprète, oeuvres qui deviennent les acteurs principaux.

Dans le document de la collection « Théâtre d’aujourd’hui » intitulé « La Scénographie » des éditions SCEREN, il est stipulé : « la théâtralisation de l’art contemporain avec la performance ou l’installation conduit à imaginer un théâtre sans le théâtre, un théâtre qui quitterait le théâtre au double sens du terme : en tant qu’art et en tant que lieu. »​

Le musée, la galerie, les espace d’art deviennent de nouveaux « théâtres », lieux de fiction, dépassant le quotidien.

La théâtralité est utilisée comme cadre (« mettre en scène » : installer dans le temps et l’espace), et, inversement, comme un processus de dissolution du cadre (théâtraliser pour « intégrer » à tout prix le spectateur, acteur de ce « nouveau » théâtre).

« Théâtraliser un événement (ou un texte), c’est l’interpréter scéniquement en utilisant scènes et comédiens pour camper la situation. L’élément visuel de la scène et la mise en situation des discours sont les marques de la théâtralisation » Patrice Pavis (professeur de théâtre), Dictionnaire du théâtre, 2nde éd., Paris, Armand Colin, 2009, p. 357-358.​

Les modalités de la théâtralisation d’une œuvre suppose donc une mise en espace et une mise en scène qui transportent le spectateur dans un ailleurs, un espace fictionnel (imaginé par l’artiste, et/ou le commissaire d’exposition, et/ou le scénographe) imaginé pour une ou des œuvre(s). On trouve parfois le mot de scénarimage pour désigner l’écriture d’une exposition !


  • Oeuvre en référence : donner un aspect théâtral

Dans cette oeuvre baroque, les éléments faisant référence au théâtre sont nombreux : fausses loges avec faux spectateurs, scène et espace scénique, décorum, effets de lumière, exagération, action et mouvement, narration, spectacle

   + image avec détails cliquables 

Gian Lorenzo Bernini, dit Le BerninExtase de Sainte Thérèse ou Transverbération de sainte Thérèse, 1647 – 1652, sculpture en marbre de 305 cm de haut, Église Santa Maria Della Vittoria de Rome réaménagée par l’artiste pour servir d’écrin à sa sculpture.

http://www.1oeuvre-1histoire.com/extase-sainte-therese-avila.html 

Analyse de cette oeuvre selon la structure d’une pièce classique  : 3 règles

– unité d’action : une seule action décrite

– unité de lieu : lieu semi-fermé, comme dans une alcôve, intime

– unité de temps : l’action va se produire, à l’instant suivant 

Vraisemblance (ce qui se passe sur scène doit rester crédible) et bienséance (il faut proscrire tout ce qui pourrait être de nature à choquer le spectateur. tout n’est que suggestion).


  • Oeuvre en référence : donner un caractère théâtral

Cette oeuvre a un caractère théâtral, dramatique et place le spectateur dans un état émotionnel très fort.

Menashe Kadishman (Tel Aviv/Israël, 1932-2015) présente au Musée Juif de Berlin sa sculpture-environnement Shalechet (Feuilles mortes), 2001.
Cette installation est constitué par un très grand nombre de disques en fer forgé de l’apparence de visages frénétiques et criants, de l’expression qui rappelle immanquablement le fantomatique visage de la peinture d’Edvard Munch (Le Cri,1893). L’installation est vraiment déroutante de simplicité. Les disques sont dispersées sur toute la surface de l’espace d’exposition, comme jetées sur le sol et sont donc bancales. Les spectateurs sont invités à marcher sur les visages qui produisent alors d’atroces bruits métalliques, que l’on ne peut s’empêcher de comparer à des cris. Cet exercice de marche difficile provoque un profond sentiment de malaise car non seulement il est difficile de garder son équilibre, mais on est aussi inconsciemment réticent à piétiner une œuvre d’art qui, en outre, représente une telle image de la douleur, comme une métaphore de la tragédie de la Shoah. Cette oeuvre est en totale opposition avec les autres lieux du rez-de-chaussée réservés au repos et à la méditation.

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