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Cadre

L’histoire du cadre suit celle des arts décoratifs. 
A partir du XVIIe siècle, ils sont fabriqués par des menuisiers, des « borduriers », qui suivent les motifs du moment. La grande majorité des cadres anciens est en doucine situant le tableau à l’arrière-plan des moulures sculptées

Sous le règne de Louis XIII, on voit ainsi apparaître d’épaisses moulures sculptées, des décors torsadés et floraux qui se développent en frises : feuilles de chêne, de houx ou de laurier, glands et fruits, se suivent dans des guirlandes régulières

A l’image de Versailles et du règne éclatant de Louis XIV, les associations de feuilles d’acanthe et de coquille sont particulièrement appréciées.

Les ornemanistes dessinent des bordures qui, sous Louis XV, sont ornées de lourdes coquilles, d’arabesques, de bouquets désordonnés, indisciplinés… le cadre adopte la plupart du temps des formes très découpées et expansives. 

Le néoclassicisme de Louis XVI impose, lui, des motifs à rais de perles ou de cœurs, rubans, palmettes, frises d’oves et de feuilles d’eau.

Au milieu du XIXe siècle et lors de la IIIe République, le style Napoléon III  s’inspire du passé avec une touche d’exotisme. Il est riche, divers et éclectique et correspond à peu près au style Victorien des Anglais. 
On note une forte présence d’étain, de cuivre et de bois sombres ou teintés de noir, il est en lien avec le courant de peinture à ce moment, l’Impressionnisme.

Le cadre va également vivre  l’avènement de l’art nouveau, avec un nouvel élan de créativité et d’innovation, des cadres exécutés par des artistes et des ébénistes de renom.

Plus tard, les cadres Montparnasse en bois sculpté présentent souvent une patine claire, généralement de couleur crème ou grise et des décors de style Louis XIV. Ils sont en vogue au XXème siècle, dans les années 40, encadrant les tableaux des peintres de l’Ecole de Paris, du quartier de Montparnasse dont ils prennent le nom.

Entourage d’une toile (sur la face avant), d’une photographie, d’un dessin destiné à mettre en valeur le motif représenté. Au cinéma, délimitation du cadrage, séparant le champ du hors-champ, définissant les plans (voir vidéo ci-dessous).

https://www.liberation.fr/arts/2018/09/03/au-louvre-les-cadres-enfin-superieurs_1676319/

Vue de l’exposition «Regards sur les cadres» en 2018, Musée du Louvre, ParisA l’occasion d’un inventaire de ses collections, le musée du Louvre propose un panorama historique de l’art de l’encadrement et pointe son rôle dans la mise en valeur des toiles.

Longtemps négligées, les «bordures», comme on les appelait aux XVIIe et XVIIIe siècles, font en ce moment l’objet d’un grand inventaire au Louvre. La collection, exceptionnelle, compte environ 9 000 cadres anciens dont 3 000 vides qui composent la réserve. Fruit de la longue et riche histoire du Louvre et de ses collections, celle-ci s’est constituée au fil des réencadrements successifs mais aussi d’une politique d’acquisition très active menée dans la seconde moitié du XXe siècle sous l’égide de l’illustre conservateur et passionné de cadres Germain Bazin. Responsable des dépôts au nord de la ligne de démarcation pendant la guerre, c’est lui qui décide le premier inventaire des cadres restés dans le musée. Christiane Aulanier, bénévole, inspecte alors le revers de 2 000 cadres recensant leurs marques, étiquettes, estampilles ou inscriptions manuscrites. Un travail précieux tant les archives sont peu disertes sur le sujet. On sait en effet très rarement comment les tableaux étaient encadrés sous l’Ancien Régime. Au mieux trouvait-on dans les inventaires des collections royales cette indication : «bordure dorée».Pourtant, «le cadre n’est pas seulement un objet muséographique permettant d’accrocher le tableau, il possède aussi une valeur artistique qui lui est propre», soutient Charlotte Chastel-Rousseauconservatrice responsable de la collection de cadres au département des peintures et commissaire de cette exposition qui célèbre l’art du menuisier, du sculpteur ornemaniste, de l’ébéniste et du doreur. Rivalisant de virtuosité, les pièces réunies permettent d’appréhender différentes époques et traditions. Il y a bien sûr les Italiens, qui sont les premiers à avoir développé l’art du cadre, mais aussi l’Ecole du Nord, caractérisée par une certaine innovation dans les techniques, avec l’emploi de nouvelles matières (ébène, écaille…), notamment à partir du XVIIe siècle. Quant aux cadres français, si leur style varie évidemment selon les époques, ils ont pour particularité une grande qualité de dorure, «un art très particulier du doreur à partir de la fin du XVIIe mais surtout au XVIIIe  siècle».«Alors, sans s’arrêter, les yeux emplis de l’or des cadres, ils suivirent l’enfilade des petits salons, regardant passer les images, trop nombreuses pour être bien vues», écrit Emile Zola dans l’Assommoir«Il y a au Louvre très peu de cadres d’origine», explique Charlotte Chastel-Rousseau qui, avec cette exposition, met en évidence la dimension historique de la présentation des tableaux.

« Le cadre exige manifestement une proportion extrêmement fine de présence et d’effacement, d’énergie et de retenue si, dans la sphère du visible, il doit servir d’intermédiaire entre l’œuvre d’art et son milieu, que tout à la fois il relie et sépare », Georg Simmel (1858-1918) dans « Le Cadre, un essai esthétique », Le promeneur, éditions Gallimard Paris, 2003, page 40, cité dans https://scribeaccroupi.fr/louvre-exposition-regards-sur-les-cadres/ (texte en téléchargement sur ce site).

Voir aussi : https://journals.openedition.org/polysemes/637#ftn9


Création de cadres

Oeuvres en référence : en peinture


Victor ProuvéLa Joie de Vivre, 1904. Toile de 260 cm x 500 cm. Musée des Beaux-Arts de Nancy. Cadre de style Art Nouveau réalisé par Eugène Vallin. Musée des Beaux-Arts de Nancy. https://musee-ecole-de-nancy.nancy.fr/les-collections/la-peinture

Oeuvres en référence : en peinture


Fiche sur cet artiste en téléchargement et sur ce site

Pablo PicassoNature Morte à la chaise cannée, 1912. Toile ovale de 37 x 27 cm. Peinture à l’huile et toile cirée collée, Musée Picasso, Paris http://www.museepicassoparis.fr/en-ligne

Une simple corde de marin sert de cadre au tableau. Le relief de cette corde torsadée reproduit le galon d’une nappe visible sur des photographies de l’atelier de Picasso. Fiche pédagogique du Musée Picasso : http://www.museepicassoparis.fr/education/education-fiches-pedagogiques/ et à télécharger sur ce site.

Voir aussi : https://www.profartspla.site/wordpress/2019/09/23/nature-morte-a-la-chaise-cannee-de-pablo-picasso/

Au cinéma

Le Truc, vidéo explicative d’Arte

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