Un multiple est une œuvre d’art éditée à plusieurs exemplaires dont le tirage est limité.
Le multiple remet en cause la sacralisation de l’unicité de l’œuvre d’art. Certains procédés comme la sculpture en moulage, coulé ou fondue, la gravure (pointe sèche, lithographie, xylographie, …) et les tirages d’estampes, les négatifs photographiques et leurs développements ou encore la sérigraphie permettent, à partir d’un original servant de matrice, de réaliser des multiples exemplaires, authentiques, donc des répliques de l’œuvre (réplique = copie d’une œuvre, élaborée par l’artiste ou sous sa direction, souvent authentifiée par sa signature).
L’histoire de l’art distingue les « répliques » d’une œuvre, élaborées par l’artiste ou sous sa direction, et les « copies » exécutées par des imitateurs ou suiveurs légalement, des « faux », illégaux, exécutés par des artistes faussaires contresignant leurs productions du nom de l’artiste plagié.
Une œuvre qualifiée de multiple correspond à un tirage d’édition dans un nombre d’exemplaires décidé par l’artiste et numéroté (ex de 1/300 à 300/300) mais en aucun cas on ne peut dépasser ce nombre ou faire un autre tirage. Tous les autres tirages seront considérés comme reproduction, copie, surmoulage etc.
Dans le processus du carborundum, de la poudre de carbure de silicium (carborundum) est mélangée à du liant pour former une pâte. Cette pâte est ensuite appliquée sur une plaque de métal ou de plastique, créant une surface rugueuse et irrégulière. Après séchage, la plaque est encrée et essuyée, de sorte que l’encre reste uniquement dans les creux formés par la texture du carborundum. Lorsque la plaque est pressée contre le papier, l’encre est transférée, révélant les détails et la profondeur de la texture.
Cette technique permet à l’artiste d’explorer une gamme infinie de textures et de nuances, ajoutant une dimension tactile et sensorielle à l’œuvre d’art. Chaque impression réalisée à partir d’une plaque de carborundum est unique, en raison des variations subtiles dans la texture et de la manière dont l’encre est absorbée par le papier. Ainsi, chaque exemplaire de cette gravure au carborundum de Miró est une pièce véritablement unique.
Ainsi, Auguste Rodin en donnant à l’Etat français ses moules, permet plus de 100 ans après sa mort survenue en 1917, d’éditer encore des exemplaires originaux de ses bronzes ! Une façon pour cet artiste de devenir immortel.
Depuis 1981, des règles strictes encadrent la production de sculptures et l’édition de bronze :
– Pour la sculpture : Est considérée comme œuvre originale une œuvre réalisée à 12 exemplaires maximum numérotés et signés de 1/8 à 8/8 + 4 épreuves d’artiste numérotées en chiffres romain de I/VI à IV/IV soit 12 exemplaires en tout.
– Une pièce unique doit porter sur la terrasse ou sous le pied l’indication PU (pour pièce unique) avec la signature de l’artiste.
Un multiple célèbre :
Si l’urinoir est marqué d’une peinture noire indiquant « 1917 », année où Marcel Duchamp a créé « Fontaine », il est souvent accompagné de la date 1964. En effet, l’œuvre originale de 1917 a été détruite et plusieurs reproductions certifiées par Marcel Duchamp, de son vivant, ont été réalisées en 1964. Elles ont été réalisées selon la photographie de l’œuvre originale d’Alfred Stieglitz.