Manuel de muséographie, petit guide à l’usage des responsables de musée, sous la direction de Marie-Odile de Bary et Jean-Michel Tobelem, éditions Séguier Option Culture, 1998, page 205
« Opération de mise en espace des expôts, particulièrement ceux à deux dimensions, du fait qu’ils sont en général accrochés aux cimaises. Les tableaux peuvent être accrochés au moyen de crochets qui se bloquent avec la pesanteur sur des tringles suspendues à une cornière, de coulisseaux qui se vissent sur des tiges également suspendues à un piton fixé directement dans la cimaise ».
« L’accrochage est avant tout, on le sait, une mise en valeur des tableaux ; il est aussi l’art de leur attribuer un juste espace de développement. Trop d’espace, le tableau se perd ; trop peu, il lutte pour le territoire » Jean Davallon, « Gestes de mise en exposition », in Claquemurer si l’on peut dire tout l’univers. La mise en exposition, Paris, Centre Pompidou/CCI, 1986, page 257
Voir aussi cet article : https://lecollectionneurmoderne.com/techniques/la-scenographie-pour-les-nuls/ et sur ce site en document pdf.
Questions possibles :
- Quels liens ont pu être tissés par un artiste entre un tableau et son espace d’accrochage ? Tout peintre a déjà connu cet effet : le tableau dans un atelier de taille modeste parait imposant et une fois accroché dans son lieu d’exposition, lui beaucoup plus ample et spacieux, le tableau semble ridiculement petit !
- Le fait que le tableau soit un objet mobile rend cette adéquation à un lieu nécessairement temporaire : le peintre l’a-t-il pris en considération ou non ?
- Quelles conséquences ont pu avoir des éventuelles modifications de lieu ou d’accrochage sur notre manière de percevoir un tableau ?
Exemple d’accrochage jusqu’au XIXème siècle : mode collectionneur ou Salon
Des tableaux à « touche-touche » ou « cadre à cadre » dit « accrochage musée » ou « en tapisserie »

gravure sur cuivre, Paris, B.N.F., Cabinet des Estampes.
Aujourd’hui : recherche de l’épure, de la respiration, de l’espace
Après les théories du white cube dans les années 1970, l’accrochage des musées cherche à laisser respirer les oeuvres, en laissant de l’espace autour d’elles. Comme la Joconde au Louvre, isolée sur un pan de mur, cette présentation au Musée des Beaux-Arts de Grenoble en témoigne :
Exemple d’accrochage : avec fil entre pitons
Beaucoup d’oeuvres, surtout anciennes sont équipées d’un fil de fer tendu entre deux pitons à l’arrière : si le câble n’est pas parfaitement tendu, l’oeuvre va « piquer du nez » une fois suspendue.

Vik Muniz recrée le dos de tableaux célèbres (Exposition «Vik Muniz : Verso» au musée Mauritshuis à La Haye, aux Pays-Bas) : https://www.laboiteverte.fr/vik-muniz-recree-de-tableaux-celebres/ et en document pdf sur ce site
et sur ce site avec le recto https://focus.levif.be/culture/arts-scenes/en-images-que-se-cache-t-il-derriere-ces-tableaux-celebres/diaporama-normal-511753.html?cookie_check=1628329352
Exemples d’accrochage
https://designmag.fr/comment-accrocher-un-tableau-au-mur.html
Musée Malraux / MuMa, Le Havre : le « mur aux vaches » d’Eugène Boudin – XIXe siècle.
Carole Fékété « En 2015, j’ai été invitée à montrer mon travail dans les salles des collections permanentes du musée des beaux-arts de Lille. Six projets photographiques ont été retenus : Le Christ (1992-2000), Les pierres tombales (2006), La table, 2003, la série des Plaques sensibles (2009), le Rubik’s Cube (2010) et le Nuancier (2014). Les vues d’exposition montrées sont celles dont l’installation dans l’espace du musée se prêtait à l’image, toutes n’étaient pas photogéniques. Mais chaque immersion était singulière et l’ensemble des six projets relevait de mon intérêt pour la question de la peinture, du tableau et de la représentation bidimensionnelle en résonance avec l’espace et les œuvres de la collection du musée« . Rubik’s Cube, 2010, ensemble de 6 images, tirages numériques, dimension variable.
Scénographie multimédia du centre d’interprétation du Château d’Azay-Le-Rideau : une cartographie évolutive du domaine et des cartels sur un écran sont intégrés à un accrochage type “Salon”.
L’artiste allemand Hans-Peter Feldmann a présenté cette année à Bâle (Suisse) cette installation intitulée Horizons qui est composée de 33 tableaux dont le point commun est la présence d’une ligne d’horizon qui est conservée sur toute la longueur de l’installation par l’accrochage spécifique des tableaux.On utilise le terme d’installation car ici c’est le dispositif de présentation (choisit par l’artiste) de l’ensemble qui fait oeuvre et non les paysages peints sur chacune des toiles.
https://www.laboiteverte.fr/un-horizon-qui-traverse-33-tableaux
Petra Mrzyk et Jean-François Moriceau (nés respectivement en 1973 et 1974), Moonraker, 2004, Galerie Air de Paris.http://airdeparis.com/artists/mrzyk-moriceau/jfp/moon.htm
Leur encre noire ne se contente pas toujours des limites d’une feuille de papier, elle déborde des cimaises, se propage des murs au plafond et joue avec l’accrochage.