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Hasard

Le hasard exprime l’incapacité de prévoir avec certitude un fait quelconque. Ainsi, pour éclairer le sens du mot, il est souvent dit que hasard est synonyme d’« imprévisibilité », ou « imprédictibilité ». On attribue l’origine du mot hasard à l’arabe « al-zahr » signifiant à l’origine « dés » et ayant pris la signification de « chance », car il désigna jusqu’au XIIe siècle un jeu de dés, mais aussi par métaphore tous les domaines relevant de la « science de la Chance » (Averroès).

Source : https://www.centredartlelait.com/ressources et sur ce site.

Dans la chronologie de l’Histoire de l’Art, viennent ensuite les poèmes dadaïstes composés de manière aléatoire, non maîtrisée. Tristan Tzara, l’un des fondateurs du mouvement Dada, dont le nom a d’ailleurs été trouvé au hasard dans le dictionnaire, raconte comment les écrire :

« Pour faire un poème dadaïste : Prenez un journal. Prenez des ciseaux. Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème. Découpez l’article. Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac. Agitez doucement. Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre dans l’ordre où elles ont quitté le sac. Copiez consciencieusement. Le poème vous ressemblera. Et vous voici un écrivain infiniment original et d’une sensibilité charmante, encore qu’incomprise du vulgaire. »

Ces poèmes annoncent le jeu qu’inventent les surréalistes en 1925, le cadavre exquis. Celui-ci est défini par André Breton comme « un jeu de papier plié qui consiste à faire composer une phrase ou un dessin par plusieurs personnes, sans qu’aucune d’elles puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes ».

Dans le même temps que les poèmes dadaïstes, Hans Arp (ou Jean Arp) intègre aussi le hasard dans la composition de manière formelle. En 1917, il laisse tomber sur des feuilles des fragments de papiers déchirés comme dans Collage avec des carrés disposés selon les lois du hasard (Collage with squares arranged according to the laws of chance : lien sur le site du MOMA https://www.moma.org/learn/moma_learning/jean-hans-arp-untitled-collage-with-squares-arranged-according-to-the-laws-of-chance-1916-17/).

Marcel Duchamp, 3 stoppages-étalon 1913 / 1964 Fil, toile, cuir, verre, bois, métal, 28 x 129 x 23 cm, 3 fils d’un mètre collés sur 3 bandes de toile peinte Bleu de Prusse, collées sur verre, règles à fixer, le tout dans un coffre en boisInscriptions : S.D.T. sur une plaque de cuivre gravée et clouée sur le couvercle du coffre en bois : Marcel Duchamp 1964 Ex./ Rrose/ 3 STOPPAGES-ETALON, 1913-14 / EDITION GALERIE SCHWARZ, MILAN- Au dos de la bande de toile, inscription bleue et visible à travers le verre : Un mètre de fil droit, horizontal, tombe d’un mètre de haut (3 stoppages-étalon; appartenant à Marcel Duchamp) / 1913-14- Imprimé en lettres d’or sur une étiquette en cuir au bout de chaque bande de toile : 3 STOPPAGES ETALON / 1913-14D’après la première réalisation à Paris en 1913-1914, cette réplique a été réalisée sous la direction de Marcel Duchamp en 1964 par la Galerie Schwarz à Milan, et datée 1913-1914/1964

Dès sa première pièce 16 danses pour soliste et compagnie de troisMerce Cunningham intègre un concept novateur dans la danse : le hasard. Il refuse donc l’idée de fil conducteur et choisit l’ordre des sections de sa chorégraphie au hasard (des pièces de monnaies jetées en l’air ou dés décident pour lui). Cunningham surprend son spectateur, il le rend aussi actif. En effet, là ou la danse classique jouait sur les émotions, Cunningham intellectualise son art et contraint le spectateur à la construction d’un sens à ce qu’il voit.

https://www.numeridanse.tv/videotheque-danse/la-minute-du-spectateur-2018-merce-cunningham (à 1:23 min)

Cunningham assimile la danse à un spectacle total (idée que l’on retrouve chez Philippe Decouflé). Il intègre divers arts (musique, arts plastiques, vidéo) à ses chorégraphies. Cunningham est le premier à utiliser la vidéo en filmant ses chorégraphies. Elle n’est pas juste un support, la vidéo est partie prenante de la chorégraphie dans un désir d’universalisation de cet art. Sa théorie du hasard le pousse à travailler aussi avec l’informatique. Il crée avec des informaticiens le logiciel Lifeform. Avec ce logiciel il essaye, avec un danseur modélisé, de combiner des mouvements aléatoires dans un ordre lui aussi indéfini. Cunningham est en perpétuel renouvellement de son art, poussant encore plus loin sa théorie du hasard. Cette recherche s’achèvera à sa mort, en 2009.

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