Nom donné aux peintures ayant la mer pour sujet et, par extension, les représentations de bateaux, de tempêtes, de bords de plages. C’est un sous-genre du paysage.
La peinture de marine, en tant que genre indépendant, se définit lentement dans la peinture occidentale, plus tard que le paysage et bien après le portrait ou la nature morte.
Voir la « hiérarchie des genres » et à « format marine ».
La naissance du tableau de chevalet, l’intérêt progressif pour les thèmes profanes ainsi que des facteurs historiques, sociaux et économiques ont tourné l’attention des amateurs et des artistes pour le monde marin : guerres maritimes (et d’abord les croisades), explorations, essor de la navigation commerciale, paysages avec une nature sublime (tempêtes).
Chez les peintres italiens du XIVème siècle, la mer est généralement un simple décor, indiqué en traits schématiques pour situer un épisode de la Bible ou de la vie des saints :
La Navicella (ou « Petit Bateau« ) de Giotto, mosaïque monumentale qui était placée initialement dans le tympan du porche de l’ancienne basilique Saint-Pierre de Rome.
Ambrogio Lorenzetti fait exception : telle scène de la Vie de saint Nicolas réserve la plus grande partie du panneau à la mer, sur laquelle les bateaux s’échelonnent jusqu’au lointain ; et la Ville au bord de la mer, qui est sans doute l’un des premiers « paysages » de la peinture européenne, est, en même temps, le premier paysage « marin » conservé. Mais cette innovation toute personnelle n’aura pas d’écho chez ses contemporains ou les émules du grand Siennois.
La Vie de saint Nicolas d’Ambrogio Lorenzetti, panneaux de 1330 environ, à l’origine dans l’église San Procolo à Florence et dans la Galerie des Offices, à Florence depuis 1919.
Comme le paysage, la peinture de genre et la nature morte, la peinture de marine naît chez les Flamands, et grâce à Jan Van Eyck : dans le livre d’Heures de Turin, la représentation des bateaux échoués sur la grève où déferlent les vagues, les remous secouant la barque de saint Julien témoignent d’une sensibilité, d’une attention aux choses de la mer qui seront celles des grands peintres de marine néerlandais.
Enluminure dans livre d’Heures de Turin (livre de prières, commandé par Jean Ier de Berry, aujourd’hui détruit, il ne reste que 4 feuillets) Des Très Belles Heures de Notre-Dame, attribuée à Jan Van Eyck, Musée d’art de Turin
Et Jan van Eyck, avec La Vierge et l’Enfant au chancelier Rolin (musée du Louvre, Paris), vers 1400-1450, élabore un « genre » : le paysage fluvial.
Détail du paysage en arrière-plan :
Jan van Eyck est dans la lignée de Rogier van der Weyden et Hans Memling :
En Italie, Piero della Francesca, Pérugin, ou encore Ghirlandaio adoptent aussi le paysage fluvial, tandis que Léonard de Vinci s’intéresse à la formation des eaux, au bouillonnement des marées en tant que phénomènes physiques.
Piero della Francesca, Double Portrait des Ducs d’Urbino ou Le Triomphe de la chasteté (pendant avec deux portraits sur le recto et paysages avec charettes sur le verso ou diptyque à double face), Galerie des Offices à Florence
Le Pérugin, La Résurrection du Christ, 1495, huile sur bois, 32 × 59,5 cm, Musée des Beaux-Arts de Rouen
Domenico Ghirlandaio, L’Adoration des mages, 1488, tempera sur panneau, 285 x 240 cm, Chapelle des Innocents, Florence, Italie.
Léonard de Vinci, études des turbulences de l’eau
Modélisation 3D à partir de ses dessins : https://www.youtube.com/watch?v=zHPxK475e0w
Mais les premières marines proprement dites apparaissent aux Pays-Bas avec la première « tempête » de Joos de Momper, vers 1610-1615 et longtemps attribué à Pieter Bruegel l’Ancien, musée d’histoire de l’art de Vienne.
L’apogée de la peinture de marine coïncide finalement avec celle du paysage pur.
Un Hollandais, Paul Bril, fixé en Italie avant 1700, transmet un reflet de la tradition de Bruegel aux paysagistes classiques et, par son élève Agostino Tassi, à Claude Le Lorrain. Tandis que celui-ci peint surtout les rivages ensoleillés, le Napolitain Salvator Rosa fait connaître à Rome une formule plus mouvementée, avec des horizons inquiétants, des éléments déchaînés, qui impressionneront.
Claude Gellée, dit Le Lorrain, Port de mer au soleil couchant, 1639, huile sur toile, 103 x 137 cm, Musée du Louvre, Paris https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010061023
Le Vénitien Marco Ricci contribue à la naissance sur la lagune d’une version proprement vénitienne du paysage urbain et marin, la veduta.
Marco Ricci, Veduta de Porto (Vue du port), huile sur toile, 42,5 x 88 cm
En France, Joseph Vernet prolonge la tradition de Claude Le Lorrain dans la série des Ports de France, mais il peint aussi la mer démontée, les orages sur l’eau : « S’il suscite la tempête », écrit Diderot, « vous entendez siffler le vent et mugir les flots ». En Angleterre, Richard Wilson fait connaître l’art de Vernet, qu’il a fréquenté à Rome.

A la fin du XIXème siècle et au début du XXème, l’Impressionnisme et le Fauvisme ont donné à la marine un renouveau exceptionnel.
Claude Monet, Mer agitée à Étretat, 1883, Huile sur toile 81,4 x 100,4 cm, Musée des Beaux-Arts de Lyon, https://www.mba-lyon.fr/fr/fiche-oeuvre/mer-agitee-etretat