Le mythe de Zeuxis est rapporté dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien :
« [Zeuxis] eut pour contemporains et pour émules Timanthès, Androcyde, Eupompe, Parrhasius. Ce dernier, dit-on, offrit le combat à Zeuxis. Celui-ci apporta des raisins peints avec tant de vérité, que des oiseaux vinrent les becqueter ; l’autre apporta un rideau si naturellement représenté, que Zeuxis, tout fier de la sentence des oiseaux, demande qu’on tirât enfin le rideau pour faire voir le tableau. Alors, reconnaissant son illusion, il s’avoua vaincu avec une franchise modeste, attendu que lui n’avait trompé que des oiseaux, mais que Parrhasius avait trompé un artiste, qui était Zeuxis. »
Zeuxis est un peintre grec qui aurait vécu de 464 à 398 avant J.-C.. Jouant sur les couleurs et les contrastes d’ombres et de lumière, il excellait à donner l’illusion de l’espace. On dit que c’est lui qui a introduit l’esthétique du trompe-l’œil dans la peinture grecque. Il était en concurrence avec Parrhasius d’Ephèse, autre excellent peintre dont on disait qu’il était inégalable dans la finesse des lignes et des contours. Pour se départager, ils se mirent d’accord sur un « duel pictural ». Chacun aurait à peindre une fresque, et un jury les départagerait.
Zeuxis utilisait tous les trucs du trompe-l’œil. Ses tableaux frappaient dès le premier regard, tandis que Parrhasius apparaissait comme le challenger car il fallait du temps pour apprécier sa peinture. Zeuxis se présenta donc le premier, sûr de lui. Il souleva le rideau qui cachait sa peinture, et l’on découvrit une simple coupe de fruits, avec des poires et du raisin.
Pendant un long silence, le jury contempla l’œuvre, quand soudain un oiseau se posa à côté d’elle et commença à picorer la grappe. Se heurtant au mur, il tomba sur le sol. Tout le monde était stupéfait. Le jury n’aurait pas à se prononcer, car l’oiseau lui-même avait pris la décision.
C’est alors que Parrhasius se présenta. Chacun se tourna vers le mur et attendit. Parrhasius restait parmi la foule. « Allons, regardons ! » dit Zeukis. Il faut que Parrhasius soulève le rideau, mais ce dernier ne bougeait pas. La foule commença à grommeler. « Mais alors, qu’est ce qu’il attend ? » Le jury insistait. C’est alors que Parrhasius répliqua : « Je n’ai rien à faire, vous regardez déjà l’ oeuvre ». Alors seulement, on se rendit compte qu’il avait peint un rideau de manière tellement réaliste que personne ne s’en était rendu compte.
Zeukis ne discuta pas la victoire de Parrhasius.
