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Dispositif de présentation

Qu’est-ce qu’un dispositif en art ?

Ensemble d’éléments (espace architectural, éléments de design, luminosité, mise en scène, décors, discours, modalités de présentation, d’accrochage, de monstration, …) agencés pour une oeuvre en vue de donner à (la) penser, à (la) voir, à (la) ressentir, et à (en) parler.

Qu’est-ce que la présentation ?

Nature Morte à la Chaise cannée, Pablo Picasso, 1912, Huile sur toile ovale de 29 x 37 cm, avec corde et toile cirée collée, Musée Picasso, Paris.

Les pratiques artistiques des XX° et XXI° siècles renforcent l’intégration du réel (Nature Morte à la Chaise cannée de Pablo Picasso en 1912), la prise en compte de l’espace du lieu et la participation du spectateur, aussi bien dans la phase de conception de l’œuvre (processus) que dans son mode d’exposition (dispositif). Les oeuvres ne sont plus seulement des représentations, du réel, mais deviennent elles-mêmes des parties du réel présenté au public. 

https://www.museepicassoparis.fr/fr/nature-morte-la-chaise-cannee

et donc, qu’est-ce qu’un dispositif de présentation ?
Le dispositif de présentation peut se définir comme un ensemble de moyens (matériels comme les modalités d’accrochage, de positionnement sur un socle, dans un cadre, … et immatériels comme la direction, l’intensité, la couleur de la lumière, les textes accompagnant, …) pour donner à voir une oeuvre, l’offrir au public selon des choix, pensés par l’artiste, lors de son processus de création. C’est un dispositif d’exposition de l’œuvre pensé dès la conception de cette dernière. L’artiste dans son processus de création, intègre la manière dont sa création devra être donnée à voir.


Oeuvre bidimensionnelle :

L’Adoration de l’Agneau mystique, des frères Van Eyck, 1432, retable et polyptyque peint sur bois, un chef-d’œuvre de la peinture des primitifs flamands.

Depuis 1986, il est présenté dans l’ancien baptistère de la cathédrale Saint-Bavon de Gand, transformé en chambre forte, à la suite de vols répétés.

Le polyptyque, sans compter les cadres, mesure 3,75 × 5,20 m ouvert et 3,75 × 2,60 m en position fermée, et est constitué de 24 panneaux de bois de chêne (encadrés).


Oeuvre tridimensionnelle :

Le Coq de Constantin Brancusi, 1935, Bronze poli sur un socle en pierre calcaire et bois, 103,4 x 12,1 x 29,9 cm, Centre Pompidou Paris https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cgzXbkK 

« Le socle fait partie de la sculpture, sinon je m’en passe » Constantin Brancusi http://www.lumni.fr/video/le-coq-de-brancusi 

  • Poids du Coq : 15 kg
  • Hauteur totale de l’oeuvre (Le Coq et son socle) : 253,4 cm
  • Le socle est composé de 4 éléments en pierre calcaire et en bois (chêne) dont la dimension totale est 150 x 47,7 x 39 cm
    • 1. pierre en zigzag : 44,5 x 20,5 x 25 cm (poids : 34 kg)
    • 2. élément en bois : 23,5 x 47,7 x 39 cm
    • 3. bois en zigzag : 63 x 31 x 28 cm
    • 4. élément en bois : 19 x 35 x 32,2 cm

Photographie de Rene BurriA sculpture by Constantin Brancusi at the Kunsthaus Museum, Zurich, 1955 


Oeuvre contemporaine :

Peinture au doigt – Aigle, de Georg Baselitz, 1972, Huile sur toile, 250 x 180 cm, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Pinakothek der Moderne, Wittelsbacher Ausgleichsfonds, Munich et Fondation Beyeler, Suisse https://www.fondationbeyeler.ch/fr/expositions/expositions-precedentes/georg-baselitz 

L’oeuvre contemporaine peut se définir par :
– sa matérialité (présence physique de la matière réelle : objets, choses, corps, statiques ou en mouvement) ou l’immatérialité de l’œuvre (invisible, insaisissable, virtuelle),
– son espace : le lieu (pièce, bâtiment, rue, paysage) investi et parfois intégré à l’oeuvre (installation, installation in situ, environnement) ; l’œuvre joue sur le rapport d’échelle au corps humain et au lieu
– une éventuelle interactivité : le spectateur a un rôle actif dans l’œuvre, fait partie de l’œuvre qui parfois n’existe pas sans lui : il la regarde, la parcourt, la construit, la manipule ou la détruit et vit des expériences sensorielles (les 5 sens) et psychologiques (ambiance)
– ses modalités de présentation qui peut intégrer des représentations (images, sculptures, l’art figuratif n’est pas mort ! ) mais également des textes, des lumières, des sons et des odeurs.

Le titre renvoie simultanément à la technique et au motif de l’œuvre. De fait, Baselitz a peint directement avec les doigts et la paume des mains cette Peinture au doigt, ainsi que d’autres tableaux portant le même titre. Le contact direct entre le corps, la peinture et la toile renvoie au processus sensuel, tactile, de l’acte de peindre. Avec l’aigle, Baselitz choisit délibérément un motif qui suscite différentes associations et qui est fortement connoté sur le plan symbolique. L’aigle, roi des airs, incarne notamment la force, la puissance, la clairvoyance, le courage. C’est un motif récurrent chez Baselitz, et doit à ce titre être compris ici comme une provocation : l’aigle n’est-il pas l’animal héraldique le plus répandu avec le lion ? Du fait du renversement de la représentation, nous voyons un aigle fondant sur sa proie et, simultanément, abattu en plein vol – ce qui produit un effet étrange et déroutant. 

Baselitz ne retourne pas ses toiles après coup, il les construit à l’envers dès le premier stade de l’exécution. L’attention se trouve ainsi attirée vers l’acte pictural lui-même.


Quelles différences avec les dispositifs de monstration et d’exposition ?

Le dispositif de monstration désigne tout moyen mis en oeuvre pour montrer une réalisation artistique ou un objet. Le dispositif de monstration peut être déterminé par l’artiste (dans son atelier), le collectionneur privé (dans sa demeure), le cinéaste (séquence filmique), le journaliste (reproduction photographique ou video dans son article), le marchand, le critique d’art, le commissaire priseur … Le dispositif de monstration n’a pas nécessairement d’objectif expositionnel (lié à une exposition muséale), il peut être documentaire ou commercial ou publicitaire.

 – pas nécessairement avec portée artistique (dans choix du lieu, de l’objectif)


Le dispositif d’exposition est pensé une fois le processus de création terminé, par l’artiste, le scénographe, le commissaire d’exposition, le conservateur de musée. Parfois les artistes participent au choix des dispositifs d’exposition (par exemple William Kentridge ou d’autres artistes scénographes) mais pour tous les artistes décédés, les dispositifs d’exposition sont mis en oeuvre par d’autres personnes, avec pour objectif de valoriser l’oeuvre aux yeux du public par un cadre, un piédestal, un socle, un affiche, le cartel, le vernissage, une scénographie, une mise en espace, une mise en scène, une théâtralisation.

– pas nécessairement pensé par l’artiste, pas intégré au processus de création mais imaginé a postériori.


Voir aussi : https://www.profartspla.site/wordpress/2022/07/17/du-dispositif-de-monstration-au-dispositif-dexposition/

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