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En 1955, Jean Tinguely réalise trois machines pour produire de manière mécanique des dessins. Elles sont présentées lors de l’exposition « Le mouvement » ; une exposition proposant un état des lieux de l’Art Cinétique. Ces œuvres sont remarquées parce qu’elles ont la particularité d’être une œuvre qui produit elle-même des œuvres. Il en est de même pour les Meta-Matics » qu’il confectionne 4 ans plus tard.
L’artiste nous propose un dessin en devenir, le spectateur complète l’œuvre, alors qu’il était passif face à l’art, il devient acteur de la création, actionnant un système de balancement, un bouton, un bras articulé ou encore en pédalant, comme pour le Cyclograveur.
En 1954, Tinguely dit pratiquer alors, « la peinture abstraite d’une manière désespérée », avant d’en finir, quelques années plus tard, une fois pour toutes avec la peinture et l’abstraction en créant ses Méta-matics, machines à dessiner automatiques, animées par un moteur à explosion. Le célèbre Méta-matic 17, qui fut en 1959 la vedette de la première biennale de Paris, est conservé au musée d’Art moderne de Stockholm où il fonctionne une fois par semaine.
Les dessins produit sont totalement différents les uns des autres. Il s’agit chez Tinguely d’aborder une nouvelle approche de la réalité.
Ici, Tinguely établit ironiquement un lien entre la machine et l’homme. Il interroge le statut de l’art dont la réalisation devient tributaire d’un mécanisme. L’artiste perdrait-il son pouvoir ? L’oeuvre perdrait-elle son statut d’oeuvre d’art ?
Qu’apporte l’interaction du spectateur ? Le dessin devient-il un acte mécanique ?
Video de Meta-Matic N°10 :
Le 12 novembre 1959 : soirée « Cyclo matic » organisée à l’ICA (Institute of Contemporary Arts) à Londres. Il s’agit d’un happening avec coureurs cyclistes et machines à dessiner.
En 1959, la Biennale de Paris est inaugurée par André Malraux, au Musée d’art moderne de la ville de Paris, avec une machine produisant des peintures en série.
Construites en partie à l’aide d’objets de récupération, les «machines» de Tinguely, consciemment imparfaites, refusent le culte de l’objet neuf produit par une société de consommation.

Jean-Tinguely, Cyclograveur, 1960
« Je ramène la machine à un état plutôt poétique et je fais des commentaires ironiques c’est certain. Je veux faire des farces et attrapes, je veux faire des blagues, je veux être sérieux, je veux provoquer. J’ai fait des machines à dessiner qui étaient uniquement là pour ennuyer les peintres abstraits expressionnistes c’est-à-dire les tachistes qui eux faisaient que ça, faisaient que ça, faisaient que ça. »
Par ses machines à dessiner, Tinguely cherche à illustrer l’idée qu’une œuvre d’art n’est pas une création définitive ni close, mais qu’elle peut être elle-même créatrice, impliquer le spectateur.
Pour en savoir plus sur les machines à dessiner de Tinguely : http://partage-du-sensible.blogspot.fr/2011/10/les-machines-peindre-de-jean-tinguely.html