Artivisme

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Artivisme

Artivisme, mot-valise composé des termes art et activisme, est un néologisme qui désigne l’Art relatif aux préoccupations politiques, économiques, écologiques et spirituelles.

Art militant, engagé et activisme artistique

Les artivisites sont des artistes engagés, leur art défend un message. Ils développent un art militant et engageant dans le but de faire réagir, de provoquer une prise de conscience et d’inviter à prendre position. Ils peuvent être associés aux lanceurs d’alerte des autres domaines de la société (santé, économie, éducation, humanitaire, …).

L’artivisme est un art de l’action qui fait le lien avec la vie quotidienne, pour réconcilier l’art avec le quotidien. C’est pour cette raison que l’artivisme investit l’espace public : c’est l’espace de la vie quotidienne qui permet de fédérer davantage de personnes à la cause défendue par l’œuvre et l’artiste. Ainsi, les performances de Joseph Beuys à la galerie René Block, à Broadway à New York, de Marina Abramovic ou de Deborah de Robertis ne peuvent pas être considérées comme des actions artivistes puisqu’elles se déroulent dans des lieux institutionnels. En revanche, les affiches Do Women Have to Be Naked to Get Into the Met. Museum ? (Les femmes doivent-elles être nues pour rentrer au Metropolitan Museum ? Moins de 5% des artistes de la section arts modernes sont des femmes, mais 85% de nus sont féminins) du collectif féministe des Guerrilla Girls collées en 1989 sur les bus de New York et sur les 15 bus de la ville de Montauban de juillet à octobre 2009 pourraient en faire partie.

Cet art se décline sous plusieurs formes :

  • Le détournement des messages officiels diffusés dans les médias
  • Investir les protestations traditionnelles pour les rendre plus poétiques
  • Performer dans des manifestations ou des lieux investis pour une occasion particulière (c’est assurance d’impacter beaucoup de personnes)
  • Ridiculiser la société par l’humour

Les actions les plus fortes, les plus troublantes, les plus dérangeantes, choquantes ont souvent lieu dans des pays où la liberté d’expression est bafouée, étouffée.

Naissance de l’artivisme

Développé en Allemagne et en Russie dans les années 1920, l’artivisme est une opposition à « l’art pour l’art ». Les contestations des années 1960 permettent à ces artistes de s’exprimer sur de nombreux sujets : guerre, surconsommation, souffrance, écologie, …

Exemples d’artistes artivistes :

Joseph Beuys avec ses 7000 chênes
Vers 2008

En 1982, lors de la Dokumenta 7, Joseph Beuys plante un premier chêne devant le musée Fridericianum. Son projet est de planter 7000 chênes accompagnés chacun d’une colonne de basalte de 1,20 m. Cette colonne est un marqueur immuable. Tandis que le petit arbuste grandit, preuve de son essence vitale, la colonne minérale en est le témoin. Ces 7000 colonnes en pierre volcanique sont entreposées en tas aux abords du musée. Leur empilement diminuera en fonction des arbres plantés. Chacun peut donc observer l’avancement du projet et acheter un arbre et sa colonne pour 500 Deutsch Marks. Une acquisition officialisée par un certificat portant le cachet de la F.I.U. (en 1974, Joseph Beuys et l’écrivain allemand Heinrich Böll créèrent la Freie Internationale Hochschule für Kreativität und Interdisziplinäre Forschung (Université libre internationale de la créativité et de la recherche interdisciplinaire) rebaptisée peu de temps après Université Libre Internationale).

Par cette action, Joseph Beuys veut « alarmer contre toutes les forces qui détruisent la nature et la vie. Une telle action entend donc attirer l’attention sur la transformation de toute la vie, de toute la société, de tout le contexte écologique ».

« Mon intention, c’est que la plantation des chênes n’est pas seulement une action de la nécessité de la biosphère, c’est-à-dire dans un contexte purement matériel et écologique, mais que ces plantations nous conduisent à un concept écologique beaucoup plus vaste – et cela sera de plus en plus vrai au cours des années, parce que nous ne voulons jamais arrêter l’action de plantation ». Joseph Beuys

Sous l’appellation de Ackroyd & Harvey, Heather Ackroyd et Dan Harvey sont deux artistes qui conjuguent la sculpture, la photographie, la science, l’architecture et l’écologie et travaillent sur le thème de la conciliation entre Nature et Culture. En 2007, à Kassel, ils récoltent des glands provenant des chênes de Beuys. Ceux-ci donnent naissance à 250 jeunes arbres : « Beuys Acorns » (les Glands de Beuys) dont le couple d’artiste va prendre soin, observer la croissance et en exposer une partie dans différents lieux. Ils redynamisent ainsi le projet de Joseph Beuys tout en interrogeant les publics au sujet du changement climatique.

Arman

En 1965, Arman brûle en public un piano dans le but de « faire une œuvre ».

Arman explique «D’abord il ne faut pas imaginer que le piano je l’ai fait pour vous, cela peut paraitre un truc spectaculaire qui a été fait arbitrairement pour être brulé pour faire une fête. Je ne l’ai pas brulé pour faire un gros feu, je me suis fait un joli petit feu, petit morceau par petit morceau et le résultat je le coincerai dans du polyester, et le polyester je le mettrai sur un panneau blanc. Mais c’était pour faire une pièce, c’était pour faire une œuvre. C’est quelque chose de merveilleux un accident, un accident c’est un jardin japonais toujours […], créer des accidents et les contrôler.[…] Je n’ai jamais cru que le travail dans une œuvre d’art avait une si grande importance, c’est même une distance entre la conception et le résultat, le travail». Retranscription partielle d’une interview d’Arman in Gérard Patris, L’École de Nice, 1967, film, 20 minutes, © INA.

Ce témoignage d’Arman place cette action en dehors de la performance, l’intention étant clairement énoncée, « faire une pièce », un objet, le geste, bien que spectaculaire, passe au second plan. Pourtant, il interroge en creux les enjeux de la performance : improvisation, valeur du geste, place du spectateur.

Arman s’installe à New York et partage son temps entre les États-Unis et l’Europe, avec une image d’artiste de la jet-set jusqu’en 1984 autour de sériés comme les « Colères » (objets brisés), les « Coupes » (objets soigneusement sciés) et les « Combustions » (objets brûlés puis sertis dans une résine transparente).

JR

JR est un artiste français qui se définit comme un artiviste urbain en intégrant l’art dans la rue, il « ne fait pas de l’art engagé mais engageant ». Il précise que « dans la rue, [il] touche des gens qui ne vont jamais au musée ».

Face 2 face en 2007 https://www.jr-art.net/fr/projects/israel-palestine

Son art est basé sur le collage photographique, comme lorsqu’il a fait disparaitre la Pyramide du Louvre en 2016, puis vient dévoiler le « secret de la pyramide » en 2019 :

Cabinet d’architectes StudioKCA

En 2018, le cabinet d’architectes StudioKCA a réalisé une œuvre engagée pour l’écologie à Bruges en Belgique : une baleine construite à partir de plastiques.

L’œuvre a pour objectif de sensibiliser la population sur les déchets plastiques qui polluent nos océans, en effet, d’après le National Geographic 5000 milliards de morceaux de plastique flottent déjà dans nos océans.

La sculpture représentant une baleine est constituée de 5 tonnes de déchets plastiques récupérés dans les océans à Hawaï, et mesure plus de 12 mètres de haut.

Piotr Pavlenski

Piotr Pavlensky réalise sa performance Bouche cousue en Juillet 2012, à Saint-Pétersbourg, pour soutenir les femmes du groupe Pussy Riot, condamnées pour une prière jugée Punk, interprétée dans la cathédrale du Christ-Sauveur.

Piotr Pavlenski lors de sa performance « Carcasse », St Petersbourg, le 3 mai 2013 s’enferme, nu, dans un cocon de barbelés.
Cette fois, c’est pour protester contre la loi interdisant la propagande homosexuelle.
« Le corps humain est nu, comme une carcasse, il n’est vêtu de rien à part le barbelé qui sert à protéger le bétail. Ces lois sont comme le barbelé, elles enferment les gens dans des enclos individuels… ».

Piotr Pavlenski réalise sa performance « Fixation », Place Rouge de Moscou, en Novembre 2013, lors de la Journée de la police, entièrement nu, il se cloue les testicules sur la place Rouge.

« Une métaphore de l’apathie, de l’indifférence et du fatalisme politique de la société russe contemporaine ».

Après avoir incendié la porte du siège de FSB (les services secrets) à Moscou, en novembre 2015 et avoir été accusé de viol en 2017, Piotr Pavlenski a obtenu l’asile politique en France.

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