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Beau coin ou bel angle

Icône dans le beau coin ou bel angle

Le père de famille, le maître de maison, est évêque chez lui. La famille devient en ce sens une « église domestique » où la présence des icônes est indissociable de la présence divine.

L’icône est posée dans un angle, krasnié (ou krasny) ugol, de la pièce d’où elle peut être vue de quiconque et du visiteur passant la porte d’entrée. La traduction française de « krasnié ugol » est le « beau coin » ou le « bel angle ».
Elle n’est pas accrochée mais posée sur un support de bois. L’icône étant assimilée à la personne du Christ ou d’un Saint, et priée comme un être vivant, il est impensable de lui mettre un clou dans le dos ! 

Pourtant,  elle descend de son coin pour être posée à côté d’un malade ou d’une jeune accouchée et de son enfant. Elle accompagne au dehors la procession de mariage ou d’enterrement.
Les familles les moins aisées avaient au moins une reproduction d’une des icônes les plus fameuses dans la salle commune : celle où l’on mangeait et se réchauffait autour du poêle.

Les copies qui étaient réalisées n’étaient pas toujours de très bonne qualité mais la foi qui avait animée le peintre n’était pas à mettre en doute.
Ce sont ces oeuvres, souvent naïves et chères aux coeur des plus pauvres des russes, qui disparurent, brûlées par les révolutionnaires.

Les maisons plus fortunées ou plus pieuses avaient une icône dans chaque pièce, voire plusieurs, regroupées dans un « coffre à icônes« , véritable petite iconostase (dans les églises orthodoxes, cloison décorée d’images, d’icônes, qui sépare la nef du sanctuaire) à domicile mais servait surtout à les préserver des fumées.

Exposer dans l’angle : Vladimir Tatline

Les contre-reliefs de Vladimir Tatline 
1914, des reliefs picturaux et contre-reliefs d’angle réalisés par Tatline (avant la révolution d’Octobre), et qui constituent sa contribution la plus importante et la plus radicale à l’art moderne, seulement peu sont conservés. Les quelques exemplaires originaux existant encore aujourd’hui, conservés à Moscou et Saint-Pétersbourg, ainsi qu’un vaste aperçu des reconstitutions d’après photos permettent de visualiser cet aspect essentiel de l’histoire de l’art. Les contre-reliefs de Tatline entendent rompre totalement avec toutes les pratiques artistiques bourgeoises et se conçoivent comme une « contre-attaque » au sens d’un surplus d’énergie. 

« Nous ne croyons plus à l’œil, et nous voulons le contrôler par le toucher », proclamait Tatline en 1920. Avec les contre-reliefs, il invalidait les lois de la peinture et créait ainsi en quelque sorte un nouveau genre artistique, une nouvelle approche du matériau mis en œuvre. Tatline devient ici poète des matériaux, qu’il affranchit de leur fonctionnalité liée à la représentation.

Il aborde aussi le dispositif de monstration d’une façon peu habituelle : exposer dans un angle a pour lui une connotation nouvelle, positive, alors qu’être au coin, peut apparaitre plutôt négatif

Vladimir Tatline, Contre relief d’angle (fer, zinc, aluminium), 1917. Image d’archive.


Exposer dans l’angle : Kasimir Malevitch

Quadrangle noir sur fond blanc (ou Carré noir sur Fond blanc) Kasimir Malevitch, 1915, huile sur toile de 79,5 × 79,5 cm, Galerie Tretiakov, Moscou (Russie)

L’« Exposition 0,10 » (nom complet : « Dernière exposition futuriste de tableaux 0,10 (zéro-dix) ») est une exposition de peinture suprématiste et futuriste, organisée par Kasimir Malevitch, Jean Pougny, Ivan Klioune, en tout quatorze artistes, dans la galerie d’art Dobychina, à Saint-Pétersbourg, du 19 décembre 1915 au 17 janvier 1916.

Exposition au Stedelijk Museum à Amsterdam en 2014.

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