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Dispositif

Qu’est-ce qu’un dispositif en art ?

Ensemble d’éléments (espace architectural, éléments de design, luminosité, mise en scène, décors, discours, modalités de présentation, d’accrochage, de monstration, d’exposition …) agencés pour une oeuvre en vue de donner à (la) penser, à (la) voir, à (la) ressentir, et à (en) parler.

Définitions généralistes : 

  • « Manière dont sont disposées, en vue d’un but précis, les pièces d’un appareil, les parties d’une machine ».
  • « Ensemble d’éléments agencés en vue d’un but précis » .
  • « ART MILIT. Ensemble de mesures, de moyens, disposés en vue d’une fin stratégique ».
  • « Dispositif : Ensemble des composantes de toutes natures (temporelle, spatiale, instrumentale, etc.) choisies dans un dessein particulier ».
  • « Un ensemble de moyens disposés conformément à un plan »
  • « Un ensemble de moyens humains et matériels mis en œuvre afin d’atteindre un objectif » (Lameul, 2005).
  • « Un ensemble de moyens humains et matériels agencés en vue de faciliter un processus d’apprentissage » (Blandin 2002).
  • « … une instance, un lieu social d’interaction et de coopération possédant ses intentions, son fonctionnement matériel et symbolique enfin, ses modes d’interactions propres. L’économie d’un dispositif – son fonctionnement – déterminée par les intentions, s’appuie sur l’organisation structurée de moyens matériels, technologiques, symboliques et relationnels qui modélisent, à partir de leurs caractéristiques propres, les comportements et les conduites sociales (affectives et relationnelles), cognitives, communicatives des sujets » (Peraya, 1999).

« J’appelle dispositif tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler, et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants. » Giorgio Agamben dans son ouvrage Qu’est-ce qu’un dispositif ?, éditions Rivages Poche Petite Bibliothèque, 2014, quatrième de couverture.

La notion de dispositif est souvent évoquée pour penser les structures visibles et invisibles que juxtaposent le pouvoir et le savoir. Développée notamment à partir des textes de Michel Foucault, le dispositif serait un espace institutionnel qui fonctionne sur le modèle de machines à faire voir et à faire parler. De manière générale, cette notion inclut des pratiques discursives et non discursives qui peuvent être conformes à un espace institutionnel, à des dispositions architecturales, à des énoncés scientifiques, à des propositions philosophiques, à des discours, à des mises, des décors, des scénographies, etc. 

En art, il faut donc interroger le fonctionnement des dispositifs et les effets qu’ils induisent dans la manière de percevoir et d’interpréter par leur présentation, l’oeuvre. Il faut aussi interroger les dispositifs de présentation de l’œuvre [nouvelles formes de chorégraphie spatiale ou de décor de théâtre] et leurs capacités à affecter le spectateur.


Le dispositif est « un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien que du non-dit » (Michel Foucault, cité par Jean-Samuel Beuscart, 2006, p. 299, https://www.cairn.info/revue-terrains-et-travaux-2006-2-page-3.htm).


Problématique soulevée : Quelle est l’autonomie et/ou l’hétéronomie (soumission) de l’œuvre vis-à-vis du dispositif ?

Parfois, le design d’exposition est plus important que les oeuvres elles-mêmes comme si le contenant prenait le dessus sur le contenu.

Parfois, l’oeuvre fait dispositif ou le dispositif fait oeuvre.

Parfois, les dispositifs d’exposition, de présentation, de monstration prennent des formes inattendues et spectaculaires. Ces aspects visuels cherchent à faire ressentir au spectateur une véritable expérience esthétique. 

Est-ce que ces dispositifs expositionnels peuvent uniformiser la présentation des œuvres ? white cubeblack boxworkshop, diorama, plateforme participative, etc.

Imposent-ils une norme artistique ou bien sont-ils un nouvel outil créatif pour les artistes ?

Ces dispositifs sont-ils atemporels ou bien correspondent-ils à des périodes particulières de l’histoire ?

Avec le développement des smartphones, iPad…, les institutions doivent repenser leur médiation culturelle à travers ces dispositifs technologiques. Comment les institutions tirent-elles partie de tels dispositifs pour promouvoir leurs expositions ? Et s’en servent-elles uniquement comme d’outils de médiation ? La médiation, au sens général, peut-elle être vue comme un ensemble de dispositifs de capture du spectateur ? Cette utilisation des dispositifs technologiques déforme-t-elle le regard du spectateur par rapport à l’œuvre ?

Certains agencements institutionnels et/ou discours des acteurs du champ artistique – commissaires, critiques d’art, historiens de l’art etc. – participent aussi de la mise en œuvre du dispositif. Quels impacts ont ces agencements et discours sur la réception, la perception et l’interprétation des œuvres par les spectateurs par exemple ? 


Ressource pour aller plus loin : https://moocdigital.paris/cours/arts-dispositifs/art-dispositifs

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