Dans la photographie contemporaine, deux tendances s’opposent diamétralement : l’esthétique de l’instantané et la manipulation.
Cette manipulation peut intervenir au niveau du sujet représenté par une mise en scène, ou au niveau du tirage lui-même selon des procédés les plus divers (on parlera d’image fabriquée). Les techniques de manipulation peuvent être très simples.
Voir aussi l’article sur les images qui mentent : https://www.profartspla.site/wordpress/2019/11/07/images-qui-mentent/
Hippolyte Bayard (1801-1887), Autoportrait en noyé, de 1840.
Hippolyte Bayard (1801-1887), Autoportrait en noyé, de 1840. Réalisées à l’aide du procédé original de Bayard, le positif direct, il existe trois variantes, conservées à la Société française de photographie. Celles-ci le montrent assis sur un banc, le torse nu, drapé à mi-corps.
« La première mise en scène photographique » ou la « première fake news »
Au revers, on peut ainsi lire la légende suivante : « Le cadavre du monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, l’inventeur du procédé dont vous venez de voir et dont vous allez voir les merveilleux résultats. À ma connaissance, il y a à peu près trois ans que cet ingénieux et infatigable chercheur s’occupait à perfectionner son invention. L’Académie, le Roi, et tous ceux qui ont vu ses dessins, que lui trouvait imparfaits, les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui a fait beaucoup d’honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement, qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre, a dit ne pouvoir rien faire pour M. Bayard et le malheureux s’est noyé ! Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui pendant longtemps et aujourd’hui qu’il y a plusieurs jours qu’il est exposé à la Morgue, personne ne l’a encore reconnu ni réclamé ! Messieurs et Dames, passons à d’autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la figure du Monsieur et ses mains commencent à pourrir, comme vous pouvez le remarquer ».
Cf MOOC sur la photographie : https://youtu.be/q2awCruG7UI Les débuts de la photographie – La naissance d’une invention (1/24)
https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/photographie/hippolyte-bayard-lautoportrait-en-noye-focus-sur-un-autoportrait-insolite-11143964
Exposition à la Fondation EDF : https://fondation.edf.com/evenements/fake-news/
Article sur le site du CLEMI : https://www.clemi.fr/ressources/expositions/exposition-fake-news-art-fiction-mensonge
Arnulf Rainer dessine et peint sur ses tirages, pour obtenir des autoportraits expressionnistes.
Arnulf Rainer (1929 – ), Glück (Bonheur), 1973 – 1974, Épreuve gélatino-argentique, encre, crayons, 48,2 x 69,7 cm, Centre Pompidou Paris, https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cnyXXbe
Lucas Samaras retouche avec les doigts l’émulsion encore humides de ses polaroïds.
Lucas Samaras,
Joël Peter-Witkin réalise des compositions surréelles en gribouillant sur les négatifs…
Joël Peter-Witkin,
Eric Baudelaire
Eric Baudelaire (1973 – ), The Dreadful Details (Les terribles détails), 2006, C-print, diasec, cadre, 209 × 375 cm, Commande du Centre National des Art Plastiques, site officiel de l’artiste https://baudelaire.net/The-Dreadful-Details-1
Le point commun entre toutes ces photographies, c’est qu’elles se présentent comme des tableaux et se refusent à assumer le moindre rôle documentaire.
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