Tableau synthétique en pdf
Trois artistes, plusieurs oeuvres possibles
Noms des artistesPAOLO CALIARI, DIT VÉRONÈSE
SOPHIE TAEUBER-ARP
BILL VIOLA
Oeuvres cibléesFresques de la Villa Barbaro à MASER 1560-­‐15613 oeuvres 1916, 1928 et 1936Oeuvres vidéos de 1977 à 2012
Liens vers les courshttps://www.profartspla.site/wordpress/2018/04/15/artiste-au-programme-limitatif-du-bac-2018-veronese/
https://www.profartspla.site/wordpress/2022/06/25/artiste-au-programme-limitatif-du-bac-sophie-taeuber-arp/
https://www.profartspla.site/wordpress/2018/03/25/artiste-au-programme-limitatif-du-bac-2019-bill-viola/
L’artiste et ses collaborateurs
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola
 

Paolo Caliari, dit Véronèse (1528-1588) est un peintre maniériste italien. Il commence par travailler dans l’atelier de son père, architecte et tailleur de pierre. En 1552, il réalise la « Conversation sacrée » pour l’église San Francesco della Vigna à Venise.

Il est nommé « Peintre de la République » et participe à l’élaboration des fresques des salles du conseil des Dix au palais des Doges. En 1562, il réalise « Les Noces de Cana » ainsi que les fresques de la Villa di Maser, réalisation d’Andrea Palladio. En 1573, il est condamné par l’Inquisition pour les libertés de facture qu’il prend notamment dans « Le Repas chez Lévi ».

Il est surpris par les figures peintes qui l’interpellent.

Les rôles sont inversés, le regardeur devenant le regardé, étant sous le regard des divinités éternelles qui, en haut des murs et sur les plafonds et plus particulièrement dans la Sala dell’Olimpo, sont assis autour du ciel et semblent observer le théâtre tragique des mortels.

Le spectateur finit ainsi par être englobé dans l’œuvre d’art elle-­ même : deux temps se superposent = il observe, mais il est aussi observé.

Le décor pictural marque l’apogée d’un courant illusionniste qui a été inauguré par Andrea Mantegna dans la Chambre des Époux au palais ducal de Mantoue.

 Sophie Taeuber est une artiste, peintre et sculptrice suisse ayant participé aux mouvements Dada puis surréaliste avec son époux Jean Arp. Son œuvre, marquée par la géométrie et le rythme, prend vie sous dans des formats à deux dimensions (tableaux, travaux sur tissu), à trois dimensions (sculpture, reliefs) et le spectacle vivant (danse, théâtre). 

Sophie Taeuber étudie les arts appliqués à Saint-Gall, Munich et Hambourg et grâce à son amie Mary Wigman, elle découvre la danse d’expression. Elle prendra des cours sous la direction du chorégraphe Rudolf von Laban. Elle s’installe à Zurich en 1915, année où elle rencontre Jean Arp et participe avec lui au mouvement Dada. Son talent de danseuse lui ouvre les portes du cabaret Voltaire. Cependant elle doit utiliser un pseudonyme et danser masquée, car les danses pleines d’inventions, de caprices et de bizarreries qu’elle offre en spectacle, ne sont pas en accord avec l’École des Arts décoratifs de Zurich où elle enseigne de 1921 à 1929.

Sophie Taeuber – Arp (1889-1943) est très souvent associée aux oeuvres de Jean Arp, son mari. Par réelle complicité ou parce qu’encore à son époque, le statut de la femme artiste est peu reconnu.

Elle collabora aussi avec Théo Van Doesburg et Jean Arp, pour l’Aubette par exemple. La proximité, la collaboration et le travail en duo avec Jean Arp (abstraction organique, reliefs en bois peint) ont d’ailleurs entraîné une influence réciproque. 

En 1930, Sophie Taeuber-Arp participe à la naissance du groupe « Cercle et Carré » créé par Michel Seuphor et Joaquin Torrès-Garcia (1930), « Abstraction-Création » avec Auguste Herbin et Georges Vantongerloo (jusqu’en 1934) puis en 1937, au groupe suisse « Allianz » avec Max Bill et Léo Leuppi ainsi qu’à la création de la Revue internationale d’art contemporain, « Plastique » (ou « Plastic/Plastique », 1937-1939). 

Elle continue d’aménager des appartements (projet non réalisé de la maison Müller-Widmann, Bâle, 1933 ; logement Hilberseimer, 1935, Berlin). 

Elle entame, en 1936, une série de reliefs en bois, partiellement découpés et peints à l’huile.

Elle participe, en 1937, à l’exposition des « Constructivistes » au Kunstmuseum de Bâle, qui lui assure une renommée internationale, et expose avec Jean Arp à Paris, en mai 1939, à la Galerie Jeanne Bucher.

En 1940, le couple quitte leur maison de Clamart-Meudon (avant la prise de Paris par les troupes allemandes) pour Grasse puis Zürich où elle réalise des lithographies et gravures à plusieurs mains, avec Jean Arp, Sonia Delaunay et Alberto Magnelli. 

En 1943, elle meurt accidentellement à Zürich, à l’âge de 54 ans.

 

Bill VIOLA est né en janvier 1951 à New-­York.

Formé à la Syracuse Université de New York et à l’Experimental Studios, atelier mené par Jack Nelson, l’un de ses professeurs va lui permettre de se saisir de la vidéo, qui ouvre une période de travail spécifique jusqu’en 1979, période définie sous le signe de la vidéo structurale. Son mentor n’est autre que Nam June Paik, qui lui apprend notamment à « attaquer la télévision » pour mieux changer la vie.

Il est l’un des rares artistes contemporains à être entrés au Musée des Offices de Florence.

Il dit : « Je suis né en même temps que la vidéo ». Cette naissance/renaissance se traduit par tout d’abord des images mentales qu’il inscrit ensuite dans ses nombreux carnets et cahiers.

Son épouse Kira PEROV est sa collaboratrice depuis 1978. Elle est le directeur exécutif de Bill Viola Studio. Elle a travaillé en étroite collaboration avec Bill Viola, son mari e partenaire depuis 1979, et s’occupe de la gestion, d’aider à la production de l’ensemble de ses vidéos et installations, et de photographier le processus. Elle édite toutes les publications Bill Viola, le choix des matériaux de son vast archive et la collaboration avec les professionnels des musées et des designers. Elle organise et coordonne des expositions de l’œuvre dans le monde entier.

Ensemble, ils quittent rapidement New York, pour s’installer dans le désert californien, car Bill Viola croit définitivement aux mirages.

 

« Le paysage est le lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur. » C’est pour cela que l’espace des images de Bill Viola est toujours conç comme « interne », qui manque d’ouverture.

Une « fenêtre ouverte » vers l’altérité, conjoint et continu entre le spectateu et l’œuvre. Le lieu de l’œuvre est en réalité le corps sensible du spectateur.

«Le véritable lieu dans lequel l’œuvre existe n’est pas la surface de l’écran ou l’espace clos par les murs de la pièce, mais l’esprit et le cœur de l personne qui l’observe».

Le  spectateur  du cycle fait l’expérience directe de lui-­même et le véritable thème des vidéos qu’il observe est l’émotion.

Il se crée ainsi une confusion entre celle du spectateur se et l’émotion mise e

scène rendant compte de l’instantanéité qui caractérise la réception du public définie comme réactive.

Lieux de présentation, d’exposition

Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse

3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp

Oeuvres vidéos de Bill Viola

Villa Barbaro (Villa di Maser)

La villa appelée villa Volpi (renard) est une villa veneta, c’est-­‐à-­‐ dire une résidence secondaire à la campagne pour les personnes issues de la noblesse ou de la haute bourgeoisie.

Le terme villa est utilisé pour désigner la maison à la campagne et se distingue de celle de la ville : le palais.

Les Barbaro possédaient environ quatre palais à Venise. La villa a été conçue par l’architecte Andrea Palladio entre

1550 et 1560 pour les frères Daniel et Marcantonio Barbaro à Maser.

Espace public, devenu, après restauration, lieu muséal

  • L’aubette est située place Kléber à Strasbourg, 1928

https://www.musees.strasbourg.eu/aubette-1928

 

Espace muséal :

Bas-relief est exposé au Musée d’art de Bâle :

  • Relief rectangulaire, rectangles découpés, rectangles appliqués et cylindres surgissants, 1936

 

Tapisserie : au Centre Pompidou Paris

  • Tapisserie Dada, Composition à triangles, rectangles et parties d’anneaux, 1916. Laine, 41 x 41 cm, Tapisserie au petit point

https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cMjR5B/rARAkK

Espace muséal d’expositions.

Chaque exposition est conçue par l’artiste et sa femme et collaboratrice Kira Perov.

La muséographie change en fonction de chaque lieu mais tend à faire immerger et submerger le spectateur dans et par les images.

Elles sont nombreuses et réparties partout dans le monde, la vidéo par essence se dématérialise et n’a pas de lieu fixe de monstration.

Une même œuvre de Bill Viola peut être projetée à Paris et à Tokyo simultanément, et présentées différemment (projetées sur le mur ou sur des écrans, dans une pièce sombre ou pas, avec d’autres oeuvres ou pas…).

Supportmatérialité
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse 3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola

Technique de la fresque

La fresque est une technique particulière de la peinture murale : sur un mur enduit (appelé « intonaco ») à la chaux fraîche (de l’italien « buon fresco »).

La peinture murale classique est appliquée « a secco » (sur une ensuit sec).

A la Renaissance, le procédé est redécouvert et permet de réduire les dépenses : une colonne peinte revient moins chère qu’une vraie.

Palladio, ne mentionne pas les fresques de Véronèse dans ses textes.

Design d’espace, architecture intérieure à l’Aubette : peintures murales, en aplat et vitraux

Relief : relief en bois peint à l’huile, 50 x 68.5 cm, signé et daté sur le dos : SH Taeuber-Arp 1936.

Tapisserie : petits points en laine sur canevas.

La broderie crée ainsi un espace pictural, tout en interrogeant le motif à partir des formes abstraites et géométriques. Elle fait peinture, et est potentiellement réversible ou visible avec un recto et un verso.

 

Il utilise principalement la vidéo Super 8 ou les bandes magnétiques, ses vidéos dites structurales n’avaient pas de sujet précis, la vidéo étant prise comme un moyen de communication, un objet de production esthétique. Son intérêt pour la musique le conduit à expérimenter et à associer de la vidéo au son, en se servant de synthétiseurs.

Il a découvert les capacités plastiques du son à Florence dans les églises gothiques pleines de réverbérations. Ses images digitales interrogent le réel et le monde.

ReprésentationPrésentation
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola

Afin de donner l’illusion de la profondeur, Véronèse introduit des jeux de masquage : personnage, statue, animal en avant ou en arrière d’une porte, d’une colonne ou d’une balustrade…

Ces éléments traduisent des instants de vie.

La présence d’un monde peint (la représentation, fictive) est en parallèle à celui des vivants (le réel), tout en reflétant les habitants de la famille Barbaro.

Le spectateur se retrouve face à des architectures et des personnages à taille réelle. Il entre ainsi dans un monde symbolique par les fausses portes, à l’image des faux personnages.

L’architecture a été réalisée par Andrea Palladio : architecte de la Renaissance italienne, ancien tailleur de pierre.

Sa production architecturale est très riche et principalement concentrée  en  Vénétie,  et  vingt-­‐quatre  des  villas  construites dans cette région, ont été classées au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1994-1996.

Ses villas traduisent l’importance qu’il accorde à l’union entre la nature et l’architecture, mais également à une nouvelle conception de la beauté.

Recréer un semblant de réalité révélant l’artifice, un moment d’illusion absolue suscitant surprise, émerveillement et joie chez le spectateur.

Ce moment est éphémère car le mouvement du spectateur déforme et détruit l’illusion.

Les espaces de la Villa Maser jouent entre vrais éléments d’architecture (entablement continu, frontons, portes et fenêtres) et architectures peintes, entre vrais objets et objets peints, entre vraies figures (famille Barbaro, serviteurs, chiens et chat, singe, perroquet) et figures peintes, entre vrais paysages environnants et paysages peints en continu.

 

 

Sophie Taeuber-Arp développe un langage plastique abstrait. Aucune figuration dans ses oeuvres.

La représentation se limite à des formes géométriques agencées par forme, taille, couleur et direction.

Elle est dans la lignée du néo-plasticisme de Piet Mondrian (père de l’abstraction géométrique) et du groupe De Stijl (En 1917, à Leyde (Pays-Bas), Theo van Doesburg et Piet Mondrian et quelques autres créent la revue De Stijl (Le Style en néerlandais) et fondent le groupe du même nom).

Ces formes géométriques donnent un langage universel à ses œuvres.

L’ensemble de son oeuvre joue souvent sur la représentation d’un espace entièrement plan mais certaines œuvres en deux dimensions créent, par le jeu de la superposition, de la transparence ou de l’oblique, des effets de profondeur, de volume ou de perspective. 

Sophie Taeuber-Arp crée de plus un jeu subtil entre espace réel et représenté, que ce soit dans les marionnettes et leur rapport au décor peint (« Le Roi-Cerf », 1918), dans les Têtes Dada entre volume et surface peinte (1918-20), dans les architectures qu’elle aménage avec un décor peint qui souligne ou perturbe la perception des espaces (années 1920 et 1930) ou encore dans ses reliefs, en partie découpés et rehaussés de couleur (années 1930).

Les trente années de création de Sophie Taeuber-Arp ont été traversées par une recherche constante sur les mêmes motifs abstraits, et cela au travers de tous les médiums utilisés : dessin (gouache préalable), broderie, tapisserie, peinture, vitrail, volume (petit objet, bijou, jouet, marionnette, Tête Dada, meuble, relief), décor mural, architecture, avec la volonté de rompre la hiérarchie des arts, d’œuvrer en collectif et d’intégrer l’abstraction dans la vie quotidienne.

Si le rectangle et le carré prédominent, accompagnés du triangle (Compositions verticales-horizontales, 1915-1930), la courbe et le cercle apparaissent dès les premières années (1915-1920) pour s’imposer dans les dernières années de son oeuvre (années 1930 et 1940).

Les figures stylisées traversent sa production, avec en tout premier lieu les figures humaines (aspect ethnique) bras levés et jambes écartées ou en cloche (danseurs), avec une tête géométrique parfois dessinée en forme de croix (années 1910 et 1920). 

Les paysages urbains et naturels sont également une source d’inspiration récurrente (Sienne, Montmartre, Pompéi, Grasse…) et ses jeux de lignes tardifs (années 1930 et 1940 et Grasse) ne sont pas sans évoquer les notations chorégraphiques de la fin des années 1910.

La recherche de mouvement est d’ailleurs exprimée dans les titres de certaines séries comme Rythmes libres (1915-1920) ou Mouvement de lignes et Compositions dynamiques (années 1930 et 1940).

«  Nous ne voulons pas imiter la nature. Nous ne voulons pas reproduire mais produire. Nous voulons produire comme la plante produit son fruit, et non pas reproduire. Nous voulons être immédiats, et non pas médiats. » Jean Arp

 

Les problématiques fondamentales développées par l’artiste ont pour genèse un événement de son enfance. A l’âge de six ans, il est tombé d’une barque et a failli se noyer. Pendant sa perte de connaissance, son sentiment de plénitude totale et les images d’une beauté extraordinaire qu’il a vu sous l’eau n’ont cessées d’être déclinées dans son œuvre. Pour lui, l’eau est le lieu du commencement et de la fin.

Il veut traduire des réalités universelles, une vision du monde.

Bill Viola puise son inspiration dans les œuvres majeures de l’Histoire de l’Art et les textes fondateurs.

L’image n’est plus représentation mais une présentation, elle se donne à voir comme vraie, comme une vera ikona (Le nom évoque la légende de Sainte Véronique qui recueille l’empreinte du visage du Christ, nommée veronicon, vraie image (vera ikona), laissée sur le Saint-Suaire lorsqu’elle l’essuya durant la montée au Calvaire) qui :

« ne concerne pas tant la clarté visuelle ou le détail – il s’agit plutôt d’une fidélité à l’expérience, à l’existence. La sensation pleine de ce qui semble vraiment être là remplit totalement ton corps : ce que l’on perçoit comme si l’on était en train de respirer à ce moment-­‐là.  Ce sont les vraies “images” ».

La précision dans la définition du contour des corps filmés, produit un effet de présence sur le spectateur par la conjugaison de l’apparence d’un objet et son concept.

En liant le spectateur émotionnellement, Bill Viola le projette directement dans l’image. La mise en avant de l’expressivité originaire de l’homme, va produire un effet émotionnel persuasif, affirmatif même, sur le spectateur La disposition des écrans donne l’impression au spectateur de donner plus d’attention à l’effet histoire qu’à l’histoire  elle-­même.

Cet effet est créé par la stimulation perceptive exercée sur les individus assistant au déroulement de la vidéo.

Cette simple mise en scène donne à voir des corps qui ne se réfèrent pas à autre chose qu’à eux-­‐mêmes.

Le théâtre, art de l’écart et de la différence, est régi par le seuil de la fiction marqué par le cadre de la scène.

Dans la vidéo, un tel seuil est supprimé. Nous avons le «devenir-­image du personnage, le devenir-­personnage de l’image».

Le spectateur est plongé dans le noir, seul, ce qui privilégie la rencontre sensible avec l’œuvre.

  • L’UTILISATION DU RALENTI :

Bill Viola fait l’expérience du ralenti lors de la retransmission d’un match de football.

La décomposition des choses, des éléments, des émotions, la possibilité de regarder une chose impossible à voir dans le monde réel.

Sa matière première est le temps.

La lenteur est tellement présente que le mouvement devient presque absent.

Son art permet la création de l’oxymore : chuter vers le haut (Going Forth by Day, « First Light », panneau 5), de jaillir vers le bas (The Reflecting Pool).

Il se crée ainsi des infratemps, des temps morts insérés dans des espaces inertes. Le film dont l’unité d’image est le pixel permet d’entrer dans le tissu infinitésimal du mouvement. Il est ainsi possible de distendre 45 secondes en 12 minutes.

Bill Viola est l’un des premiers à avoir « installer » ses films dans l’espace d’exposition.

Il pense chaque espace: la taille de l’écran, l’inclinaison, le mode d’accrochage, et de ce fait la place du spectateur.

Celui-­ci a ainsi l’impression d’être immergé, voire submergé par les images.

  • « SUREXPOSITIONS LUMINEUSES »

Les êtres qu’il montre s’exposent. Cette exposition est intensifiée par le ralenti.

La question du temps est fondamentale dans ses surexpositions. Mais également celle de la lumière de la vidéo projection qui permet de matérialiser l’image.

Il permet ainsi de transfigurer des gouttes d’eau en suspension qui deviennent des étoiles gravitant.

Les significations
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola
 

Le programme iconographique associe : la culture antique (scènes mythologiques, dieux olympiens, nymphes et muses, scènes allégoriques, vocabulaire architectural) et la culture chrétienne (scènes religieuses, Sainte Famille) afin d’évoquer la culture, la foi, l’amour, la famille et le domaine agricole des frères Barbaro en les associant à l’Harmonie, et aux Vertus.

La palette de couleurs est claire et lumineuse (architectures et sculptures blanches en trompe-­‐l’œil, ciels bleutés… )

Les couleurs des vêtements, et des tentures ; et les dorures des statues et des objets viennent contraster avec l’ensemble.

Partout, l’espace architectural est questionné, et se poursuit de manière illusoire et fictive dans les peintures. Les représentations illusionnistes qui se donnent à voir par fenêtres peintes rivalisent avec les fenêtres et les vues réelles et cherchent à démontrer la supériorité de l’art.

Il y a une fusion entre plusieurs espaces et plusieurs temps :

  • l’espace réel (lieu) et fictif (quadratura),
  • l’espace profane (habitants, murs peints) et sacré (scènes allégoriques, mythologiques et religieuses du haut des murs et des plafonds) ;
  • le temps présent (habitants, visiteurs) et éphémère (figures réelles et peintes de la Renaissance, grandeur de Venise et des Barbaro),
  • le temps passé (paysages peints aux ruines antiques), le rythme des saisons (réel et peint) et le temps éternel (cosmos, dieux).

Dans la Sala dell’Olimpo, la famille Barbaro, représentée au sommet des murs, précède le ciel divin et domine le sol des vivants.

 Son œuvre à travers de nombreux domaines se nourrissant réciproquement (langages, esthétiques, avancées respectives : peinture, sculpture, danse, architecture, architecture d’intérieur, arts décoratifs…) est une passerelle entre les arts. Elle fonde et édite aussi la revue Plastique/PLASTIC.

Les formes, lignes, couleurs, rythmes, directions… sont autant de langage universel, primaire, parlant à tous.

La place du rêve et de la nuit constitue l’un des épicentres de la pratique de l’artiste en créant un jeu entre visible et invisible où ce dernier est le vainqueur sur le premier.

« En décembre 1915 j’ai rencontré à Zurich Sophie Taeuber qui s’était affranchie de l’art conventionnel. Déjà en 1915 Sophie Taeuber divise la surface de ses aquarelles en carrés et rectangles qu’elle juxtapose de façon horizontale et perpendiculaire. Elle les construit comme un ouvrage de maçonnerie.  Les couleurs sont lumineuses, allant du jaune le plus cru au rouge, ou bleu profond. Dans certaines de ses compositions elle introduit à différents plans des figures trapues et massives qui rappellent  celles que plus tard elle façonnera en bois tourné. »   Jean Arp – Jours effeuillés

Elle a été professeur à l’école des dentellières à Saint-Gall et à la Kunstgewerbeschule (École des Arts appliqués) de Zürich où elle a enseigné la composition, la technique du tissage et de la broderie et a dirigé la section textile.

Elle se lie ainsi d’amitié avec l’architecte Adolf Loos et découvre les recherches de Worringer, historien.  Ce métier constituait un revenu permettant aux deux artistes de poursuivre leur pratique.

Le Groupe Abstraction-création :

« Abstraction, parce que certains artistes sont arrivés à la conception de la non-figuration par l’abstraction progressive des formes de la nature. Création, parce que d’autres artistes ont atteint directement la non-figuration par une conception d’ordre purement géométrique ou par l’emploi exclusif d’éléments communément appelés abstraits, tels que cercles, plans, barres, lignes, etc. » Sophie Taeuber-Arp.

L’art concret 

Sophie Taeuber-Arp s’inscrit comme l’une des pionnières de cet art. L’une des affirmations fondamentales de l’art concret est l’objectivation d’une idée créatrice dans une forme rigoureusement déterminée. Sa pratique résulte d’un processus de transposition des problèmes individuels dans les signes objectifs de l’art, où les contradictions prennent forme en harmonies perceptibles au regard.  

Les techniques vont de l’aquarelle à la peinture à l’huile. Elle crée ce qu’elle nomme des « Tableaux à Espace » : des réalités spatiales constituées d’une étendue à deux dimensions.

 

MIROIR DU MONDE

En 1976, Rosalind Krauss affirmait dans Video : The Aesthetics of Narcissism, que le narcissisme est tellement endémique dans l’art vidéo qu’elle le considérait comme «la condition du genre dans son ensemble».

La psyché humaine est le canal de l’art de la vidéo et le corps en est l’instrument, le mécanisme narcissique s’oppose au mouvement projectif d’empathie susmentionné.

Le mythe ovidien raconte l’histoire d’un jeune homme se penchant sur une étendue d’eau et découvrant un beau visage masculin qui n’est autre que le reflet de lui-­‐même, mais cela, Narcisse l’ignore.

Bill Viola affirme que «l’une des choses dont il est important de se rendre compte dans l’histoire de Narcisse est que son problème n’est pas qu’il a vu son propre reflet, est qu’il n’a pas vu l’eau. »

L’utilisation du miroir dans «Slowly Turning Narrative», fait apparaître le reflet du spectateur dans l’œuvre.

L’utilisation fréquente des projections monumentales donnent à voir de réelles fresques, miroirs du monde.

SCULPTER LE TEMPS

Le rapport au temps est également prépondérant :

« la conscience de la temporalité et celle de la séparation entre sujet et objet sont simultanément submergées. Le résultat de cette submersion est, pour celui qui fait et celui qui regarde la plupart de l’art vidéo, une sorte de chute sans poids à travers l’espace suspendu du narcissisme » R. Krauss, Video : The aesthetics of narcissism.

Le temps devient le sujet-même de l’oeuvre et se réfléchit lui-­même de manière tautologique.

Bill n’a aucun sens du temps réel” Kira Pero

IMAGE ACHEIROPOÏÈTE

L’image n’est plus représentation mais une présentation, elle se donne à voir.

POÉTIQUE DU CORPS

Il y a un réalisme optique qui caractérise à chaque instant les corps presque taillés dans l’écran, comme s’il s’agissait de portraits naturalistes.

Mécènes, commanditaires et donateurs
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola
 

La famille Barbaro est très influente à Venise.

Daniele Barbaro est un noble, cardinal de l’Eglise catholique, recteur de l’université de Padoue puis ambassadeur en Angleterre et écrivain. Il a traduit notamment en italien « Les dix livres d’architecture » de Vitruve.

A la mort de son père, avec son frère Marcantonio, qui est ambassadeur de la sérénissime auprès de Catherine de Médicis puis à Constantinople, ils décident de confier à Palladio la réalisation de leur villa.

Véronèse qui a réalisé les fresques a également réalisé de nombreux portraits de Daniele.

L’un des collectionneurs les plus engagés de l’art concret était Marguerite Hagenbach. Elle a été l’une des premières à acheter des œuvres de Sophie Taeuber. Elle deviendra la deuxième madame Arp 

Les commanditaires sont généralement les commissaires d’expositions conçues partout dans le monde.

Par exemple, pour la dernière œuvre de Bill Viola : Martyrs, une vidéo destinée à la St Paul’s Cathedral, qui a été dévoilée le 21 mai 2014 et diffusée par quatre écrans est la première des deux œuvres disposées derrière le vast autel de la cathédrale londonienne. Sa commande avait été annoncée dès 2009. D’après the Art Newspaper, elle aurait coûté 2M$ à son commanditaire Par ailleurs, c’est la première fois que le médium vidéo est exposé de manièr permanente dans une église britannique.

La dernière exposition en France s’est déroulée de mars à juillet 2014, et est la plus grande consacrée à l’artiste. Celle-­‐ci n’est pas considérée par le couple comme rétrospective mais introspective.

Les oeuvres importantes de ces artistes
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola
  •  Les Noces de Cana au Musée du Louvre

https://www.louvre.fr/oeuvre-notices/les-noces-de-cana

  • Portrait de Daniele Barbaro, Rijksmuseum Amsterdam

https://www.rijksmuseum.nl/en/search/objects?q=verone&p=1&ps=12&st=Objects&ii=0#/SK-A-4011,0

 

 

 Spectacles de danse (arts vivants), costumes…

Voir le dossier sur l’article consacré à l’artiste : http://www.profartspla.site/index.php/cours-2/terminale/option-facultative-arts-plastiques/640-artiste-au-programme-limitatif-du-bac-2018-sophie-taeuber-arp-4#dossier-realise-par-marie-rousseau-rennes

 

The Reflecting Pool (1977-­79), The Dreamers (2013) : films vidéos (Chott El Djerid (A Portrait in Light and Heat), 1979), installations monumentales (The Sleep of Reason, 1988), portraits sur plasma (The Quintet of the Astonished, 2000), pièces sonores (Presence, 1995), sculptures vidéos (Heaven and Earth, 1992), œuvres intimistes (Nine Attempts to Achieve Immortality, 1996) ou superproductions (Going Forth By Day, 2002).

Tous les genres de l’œuvre de Bill Viola sont là, et toutes ses grandes séries emblématiques, des Buried Secrets du pavillon américain de Venise en 1995 (The Veiling) aux Angels for a Millennium (Ascension, 2000), des Passions (Catherine’s Room, 2001) à The Tristan Project (Fire Woman et Tristan’s Ascension, 2005), des Transfigurations (Three Women, 2008) aux Mirages (The Encounter, 2012).

Le public (rapport au spectateur)
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola
 

À l’extérieur la Villa et le nymphée s’affirment comme des théâtres.

À l’intérieur, l’espace se construit comme un lieu théâtral avec ses colonnes, ses frontons et ses masques.

  • Il est le reflet de la réalité et crée des émotions
  • Il déroule dans le temps sa narration (mouvement du spectateur visitant les lieux et appréhendant les scènes et leur message)
  • Il sépare salle et public (espace réel et visiteurs) des acteurs et décors (quadratura), tout en créant une continuité spatiale entre eux (échelle, perspective, mélange réel et peinture)

Le spectateur est confronté à sa propre image ; il entre par une vraie porte et bascule par les fausses portes dans un monde d’illusion.

 « Dans les travaux que Sophie Taeuber m’a montrés peu après notre première rencontre, les matériaux utilisés étaient également la laine, la soie, l’étoffe et le papier.  Mais, à cette époque, Sophie avait déjà été détruit la plupart de ces travaux, car elle recherchait de nouvelles solutions dans l’art. Sa pureté spirituelle et son amour de l’artisanat la conduisaient déjà, dans ses premières compositions abstraites, aux plus grandes simplifications… (…) Sophie Taeuber était l’un des êtres les plus modestes que j’aie jamais rencontrés. Elle jugeait ses travaux encore plus sévèrement que je ne le faisais pour les miens. Elle ne les montrait pas volontiers et ne voulait ni les exposer ni les publier. » Jean Arp 

Les installations sont conçues comme des espaces invitant les spectateurs s’immerger pour ressentir les émotions. Il se crée ainsi un rapport d spectateur à la perception du temps, du mouvement et du pictural.

Bill Viola utilise pour cela des objets (miroirs, moniteurs multiples rétroprojecteurs, écrans monumentaux, barils,…) ou l’architecture elle-­même (corridor : Passage, 1987).

La place du spectateur est prépondérante et son immersion dans ce que Viol appelle lui-même le réalisme des sensations, des émotions, des perceptions et des expériences semble constituer l’axe central du travail de l’artiste.

Le spectateur pose ainsi un regard introspectif sur lui-­même : « qui suis-­je ? » et les relations à l’inconscient, « où suis-­je ? » et la place au  monde,  a cosmos ; et enfin « où vais-je ? » et la question du voyage.

LA MISE EN ABYME

Le paysage qui entoure le spectateur comme le ferait un environnement es également l’extension de son corps sensible, le paysage se présentant comme une intensification du corps.

Autres références à mettre en lien
Fresques de la Villa Barbaro à MASER de Véronèse3 oeuvres de Sophie Taeuber-Arp
Oeuvres vidéos de Bill Viola
 
  • Vue de la voûte de la Chapelle Sixtine, Michel-­‐Ange, Rome, Cité du Vatican
  • Andrea Pozzo, Triomphe de Saint Ignace de Loyola, 1690
  • Giulano Romano, Salle des Géants, scène dite “La Chute des Géants” et détail, 1530 – après 1534,
  • Georges Rousse, intervention aux Halles de Reims, 2008
  • Felice Varini
  • Pere Borrell del Caso, huile sur toile, Madrid (1874)
  • Léonard de Vinci, anamorphose d’un visage d’enfant et d’un œil (1485, Codex Atlanticus).
  • Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, 1533, huile sur panneaux de chêne, 207 x 209,5 cm.
  • Bill Viola, Five Angels for the Millennium, 2001 1. Departing Angel. 2. Angel of Birth. 3. Angel of Fire. 4. Ascending Angel. 5. Angel of Création Installation vidéo.
 
  • Broderie – tapisserie de Bayeux
  • Tapisserie de la Dame à la Licorne, Musée de Cluny
  • Tapisserie des ateliers Lurçat à Nancy

Oeuvres textiles sur cette page (sujet 7)

Autres oeuvres au musée de Bâle : suivre ce lien

 

Atelier de Sophie Taueber et Jean Arp : http://www.fondationarp.org/l-atelier-de-jean-et-sophie.html

Mondrian et le néo-plasticisme : 

http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-mondrian/ENS-mondrian.html

Oeuvres et mouvement DADA : http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-dada/ENS-dada.htm 

  • Nam June Paik Electronic Superhighway, Continental U.S., Alaska, Hawaii, 1995
  • Vito Acconci, Centers, 1971
  • Bruce Nauman
  • Dan Graham, Present Continuous Past(s), 9174, installation vidéo en circuit fermé: caméra noir et blanc, 1 moniteur noir et blanc, 1 ordinateur, 2 miroirs, 1 microprocesseur
  • Marina Abramovic, Ulay, Modus Vivendi – Pieta
  • Céleste Boursier-­‐Mougenot Untitled 1997-­‐
  • Ange Leccia, La Mer, 1991
  • Pierre HUYGHE Exodus 1992/97 Super 8 colour film/ video transfer/ silent/ 1’05
  • Pierre Huyghe One Million Kingdoms 2001
  • Peter Fischli et David Weiss Le cours des choses 1986-­‐1987
  • Cyprien Gaillard Cities of Gold and Mirrors, 2009
  • Dominique Gonzalez-­‐Foerster, Parc Central, 2006
  • Tony Oursler Le Grand Mal, 1981
  • Jeffrey Shaw The Legible City, 1988-­‐1991 Installation Interactive
  • Dan Flavin (1933-­‐1996), Alternating Pink and Gold, 1967, environnement, néons colorés, chacun d’une hauteur de 244 cm, Chicago Museum of Contemporary Art.
  • La Monte Young / Marian Zazeela : « Dream House 78min17sec. » (SHANDAR, 1973)