Saint Jérôme dans le désert, vers 1515-1520, huile sur panneau de bois, 78 x 137 cm. Paris, musée du Louvre.
L'ensemble des oeuvres du programme, session 2024
Œuvres au programme pour les épreuves du baccalauréat en Terminale spécialité en 2024
Au moins 1 des 3 œuvres support d’examen sera dans votre corpus d’analyse (partie 1) et au choix, en projet d’exposition avec note d’intention (partie 2, B).
Nature à l’oeuvre :
- Oeuvre support de l’examen Joachim Patinir (vers 1480-1584), Saint Jérôme dans le désert, vers 1515-1520, huile sur panneau de bois, 78 x 137 cm. Paris, musée du Louvre.

- Rosa Bonheur (1822 – 1899), Labourage nivernais, 1849, huile sur toile, 133 x 260 cm, achat après commande de l’État en 1849. Musée d’Orsay, Paris.
- Oeuvre support de l’examen Miguel Chevalier (1959 -), Sur-natures, sous-titre : Paradis artificiel, 2004, nouveau média interactif, plantes virtuelles réalisées avec le logiciel Music2eye, projetées sur un mur, les végétaux bougent en fonction des mouvements du public, captées par un détecteur de présence et mouvements, CD-Rom, programme informatique, dimensions variables. Centre national des arts plastiques, en dépôt depuis 2016 au Frac Picardie, Amiens.

Du projet à la réalisation d’une œuvre monumentale :
- Claude Monet (1840-1926), Cycle des Nymphéas du musée de l’Orangerie, entre 1897 et 1926, panneaux peints à l’huile, marouflés (collés) à même le mur, H. : 1,97 m, L. : environ 100 m linéaire, surface environ 200 m2. Paris, musée de l’Orangerie.
- Oeuvre support de l’examen Huang Yong Ping (1954-2019), Serpent d’océan, 2012, aluminium, sculpture monumentale, L. : 128 m, H. : 3 m, création pérenne dans le cadre du parcours Estuaire. Saint-Brevin-les-Pins, Pointe de Mindin, Loire-Atlantique.

L'artiste / Eléments biographiques
L'oeuvre à étudier : Saint Jérôme dans le désert de Joachim Patinir Fiche synthétique
L'oeuvre Saint Jérôme dans le désert de Joachim Patinir en détail
Tableau synthétique entre les 3 oeuvres de Joachim Patinir, Rosa Bonheur et Miguel Chevalier
Vue de la salle du Musée du Louvre à Paris
Vocabulaire à maîtriser
Liste des mots de vocabulaire et éléments essentiels à connaître et à savoir définir pour parler du travail de Joachim Patinir
- Support (tableau de chevalet, taille modeste) = espace littéral
- Peinture à l’huile (invention au XVème siècle et perfectionnée par Jan Van Eyck, peintre flamand, des Epoux Arnolfini, 1434)
- Le « bleu » Patinir. Couleurs chaudes (rouge, ocres), couleurs froides (bleus, verts), couleurs complémentaires (rouge/vert)
- Statut de « franc-maître » (statut de l’artiste)
- Peinture « léchée » : peinture finement déposée, sans trace de coup de pinceau, au rendu très lisse (opposé = avec empâtements ou touches)
- La perspective atmosphérique (en lien avec le sfumato de Léonard de Vinci)
- Vision panoramique = espace représenté ou suggéré
- Profondeur par plans successifs (premier plan avec personnage biblique / second plan avec dominante de verts (arbres, végétation, rochers) / troisième et arrière-plan : lointains avec dominante de bleus (montagnes, ciel, nuages)
- La temporalité et les anachronismes (période de Saint Jérôme vers 420 après Jésus-Christ, architectures médiévales et personnages contemporains de Joachim Patinir)
- La naissance du paysage comme genre autonome
- Symbolique liée à la figure de Saint Jérôme : souvent représenté en ermite à demi nu portant la barbe avec un manteau rouge et un chapeau de cardinal rouge aussi, bien qu’il n’ait jamais été cardinal ! Le lion, le crâne et le livre sont d’autres attributs liés à certains épisodes de son histoire.
- Point de vue (endroit d’où l’on regarde une scène mais aussi opinion sur …) frontal du spectateur devant le tableau qui offre un point de vue en plongée sur le paysage
- Narration
- Composition pyramidale
- Carré rabattu ou « Porte d’Harmonie » et nombre d’or (voir schéma)
- Profane / sacré
- Dispositif de présentation : cadre mouluré de style « Hollandais » avec sa finition noire mate
- Microcosme : scènes de vie dans les détails minuscules (labour, moutons, chèvres, chameau, personnages, chevaux, chien, oiseaux, …)
- « La Légende dorée » de Jacques de Voragine, livre du XIIIème siècle dans lequel la vie des Saints et leurs attributs sont décrits, inspirant et servant de référence à de nombreux artistes au fil des siècles.
- Albrecht Dürer (peintre, graveur, inventeur du perspectographe), contemporain de Patinir, puisqu’ils se rencontrent au cours d’un voyage aux Pays-Bas, appelait Patinir «le bon paysagiste».
Axes d'analyse en lien avec les programmes
La représentation, ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques : peinture à l’huile sur bois, peinture de chevalet, oeuvre figurative, religieuse, peinture de paysage, paysage-monde, naissance du genre du paysage comme genre autonome, symbolique des couleurs (rouge, « bleu patinir »), attributs du Saint, anachronismes, espace littéral / espace suggéré, perspective atmosphérique et profondeur par plans
Rapport au réel : mimesis, ressemblance dans certains détails (personnages, animaux, végétaux, architectures), vraisemblance dans le décor global et le paysage panoramique recomposé à partir de souvenirs d’éléments du réel existants (roche) et valeur expressive de l’écart car choix d’anachronismes, de perspectives et de points de vue différents sur cette scène. La petitesse des personnages face à ce paysage immense est une intention qui révèle les préoccupations et intérêts de l’artiste pour le paysage autonome.
Reconnaissance artistique et culturelle d’une œuvre.
De son vivant, Patinir était reconnu comme un grand maître, il a le statut de franc-maître et son ami, Albrecht Dürer le nomme comme un « bon peintre de paysage« .
Son Saint Jérôme du Louvre a été acheté par des connaisseurs : J. K. Huysmans (1848-1907), écrivain et critique d’art, Paris (cité dans son roman Là-bas, 1891) puis Juliette Og, demi-sœur du précédent, Sèvres, Joseph Duveen, dit aussi Lord Duveen, donateur, antiquaire et marchand d’art et enfin Sir Joseph Duveen (1869-1939), marchand d’art, Paris-Londres qui en fera don au musée du Louvre en 1923.
Matérialité de l’œuvre.
La matérialité du Saint Jérôme tient à son support (panneau de bois qui montre des fissures à la surface de l’oeuvre) et à sa technique : peinture à l’huile par glacis successifs avec couches de vernis.






Le cadre mouluré en bois noir de style hollandais est également affaibli par des vermoulures causées par des petites vrillettes (petits insectes à larves xylophages).
Perception et interprétation d’une oeuvre.
L’interprétation de cette oeuvre suppose une culture chrétienne pour la scène représentée au premier plan. Les codes de représentation fondés sur les attributs des saints évoqués dans l’ouvrage de Jacques de Voragine, La Légende dorée, qui développe des biographies souvent légendaires sur la vie des saints. Ces codes ne sont pas accessibles intuitivement à un large public. Pour déchiffrée cette iconographie, il faut les connaître.
Saint Jérôme est le traducteur de la Bible, elle est donc représentée à ses côtés. Ses attributs permettant son identification iconographique sont : le désert (l’ascétisme (privation par conviction des plaisirs matériels) revendiqué par Jérôme conduit à des représentations dans le désert où il faisait pénitence avec des pierres, des fouets… Ces représentations sont anachroniques dans la mesure où Jérôme est souvent dépeint comme âgé lors de sa présence au désert, alors qu’il avait entre 25 et 30 ans à cette période), le chapeau et la toge rouges de cardinal (cette représentation est anachronique, puisque le cardinalat est créé vers l’an mille alors que Saint Jérôme est daté vers 420 ; elle est due à la période romaine de Jérôme au cours de laquelle il est le secrétaire du pape Damase Ier), le lion (La Légende dorée rapporte que Jérôme de Stridon aurait rencontré un lion blessé par une épine dans la patte, et ce lion aurait laissé Jérôme le soigner. La légende poursuit en affirmant que le lion serait devenu l’animal de compagnie de Jérôme. Saint Jérôme ramenant le lion au monastère), le crâne (pour symboliser la vanité). Le crâne peut être posé à ses côtés ou le sien. Portées par la mode des Vanités, le crâne apparaît un attribut indissociable de Saint Jérôme. Mais à l’époque de Dürer et de Patinir, c’était une innovation, justifiée par une raison théologique et non par un sentiment mélancolique de la fugacité de l’existence, bien étranger à l’œuvre du Saint très croyant.
Réception par un public de l’œuvre exposée, diffusée ou éditée + Monstration de l’œuvre vers un large public : faire regarder, éprouver, lire, dire l’œuvre exposée, diffusée, éditée, communiquée.
Repérez les éléments scénographiques de la salle du Musée du Louvre AILE Richelieu, Niveau 2 : salle 814 Humanisme et Réforme.
Cadre, cimaises, murs colorés, hauteur d’accrochage, cartel, proximité avec autres oeuvres, passages de circulation de chaque côté pour atteindre la salle Pays-Bas du Nord, arrivée frontale face à l’oeuvre par salle Pays-Bas du Sud.